Le château d'Allaman sera vendu aux enchères
Magnifiquement rénové par Markus Jerger pour devenir résidence de luxe, l'édifice n'a pas trouvé preneur.

Son enveloppe a subi une rénovation flamboyante, mais le château d'Allaman reste une coquille vide. Aujourd'hui, la grille est fermée et de l'herbe pousse entre les pavés de l'allée qui mène à cet édifice dont les parties les plus anciennes remontent au XIIIe siècle. En septembre prochain, à la requête du créancier hypothécaire de 1er rang, le monument sera vendu aux enchères par l'Office des poursuites du district de Morges. Ce dernier estime son prix à 46 millions de francs. C'est l'aboutissement d'une longue saga, qui voit le rêve d'un homme d'affaires allemand, familier de la jet-set internationale, s'effondrer. Markus Jerger, tombé sous le charme du village d'Allaman, rachetait son château en 2006 dans l'idée d'abord d'y créer une résidence de luxe à revendre, et plus tard d'y aménager plusieurs logements de haut standing. L'édifice, qui appartenait depuis 1976 jusqu'à sa dissolution en 2001 à la Société vinicole de Perroy, était en piteux état. Il abritait depuis plus de vingt ans une coopérative d'une douzaine d'antiquaires, qui exposaient leurs trésors à tous les étages et dans la grange du château. Son domaine viticole de 17 hectares, d'excellente renommée, était géré par le groupe Schenk. Mais transformer et restaurer un monument historique est une gageure. D'autant plus quand on veut créer des appartements de grand standing avec un ascenseur dans le château, puis des petits logements haut de gamme dans les dépendances, avec wellness et fitness et un grand parking. La restauration, entamée en 2009 sous la direction des architectes nyonnais Nicolas Delachaux et Denis Glatz, a permis de refaire les façades, le toit, de restaurer les papiers du XVIIIe siècle et les boiseries, sans pour autant aboutir à un espace fini.
Le luxe en panne
Car le château a été mis en vente dès 2012, en entier ou par parties, les derniers aménagements intérieurs devant être laissés au gré des futurs acheteurs. En charge de ce mandat, Pierre Hagmann, qui était alors directeur de Naef Prestige, s'étonnait en 2014 dans le magazine «Bilan» qu'aucun groupe actif dans le luxe, dans les secteurs de l'horlogerie ou de l'hôtellerie, ne s'intéressât à ce bien, dont la restauration a coûté près de 40 millions de francs. Or la conjoncture était mauvaise pour ce marché de niche du haut de gamme. D'autant plus que d'autres châteaux sont à vendre dans la région, à Gingins, à Begnins ou à Perroy, sans plus de succès. Sur le site de Markus Jerger, que nous n'avons pas réussi à joindre, on vante encore le château comme lieu idéal pour accueillir, entre autres, la résidence d'un ambassadeur, une fondation, une collection privée, un institut, un hôtel, ou une agence gouvernementale.
Carte de visite
«On disait à un moment qu'il était à vendre pour 120 à 130 millions de francs. Quand je pense qu'il y a plus de vingt ans, à la place d'acheter le Restaurant de la Gare, la Commune d'Allaman aurait pu racheter le château qui tombait en ruine et ses 50 000 m2 pour moins de 4 millions, domaine viticole compris, cela me laisse songeur», relève Gérard Vontobel, ancien syndic d'Allaman, vigneron et voisin du domaine. Pour lui, l'édifice comprenait la plus belle cave viticole qui soit et ce n'est pas sans un pincement au cœur qu'il a vu les vignerons quitter le site après 2007, Markus Jerger ayant décidé de transformer le caveau. La maison Schenk a donc rapatrié toute l'activité d'encavage sur son site de Rolle. Mais l'actuel syndic salue la magnifique restauration du château, qui contribue à la promotion de ses vins et d'un site historique et paysager prestigieux. «La question qui se pose, avec la vente aux enchères du domaine, c'est ce que les éventuels repreneurs feront du vignoble qui y est associé. Pour le reste, j'espère qu'avec cette vente, le château va enfin reprendre vie», relève Patrick Guex.
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