C’est l’histoire d’une neutralité impossible – rien à voir avec la Suisse, promis. Le Comité international olympique (CIO) recommande depuis cette semaine aux fédérations sportives internationales de réintégrer les sportifs russes et biélorusses suspendus jusque-là en raison de l’invasion de l’Ukraine. Critères à réunir pour être admis? Ne pas soutenir ouvertement la guerre et concourir sous bannière neutre. Comme si la couleur d’un drapeau ou la musique d’un hymne était un frein à la récupération politique.
Le tennis, qui autorise déjà la participation des bannis à condition qu’ils ne portent pas les couleurs de leur pays, l’expérimente à ses frais. La victoire de la Biélorusse Aryna Sabalenka à l’Open d’Australie de tennis, fin janvier, n’a pas tardé à être saluée par le président Loukachenko. L’usage politique de l’excellence sportive a toujours servi les régimes autoritaires au moment d’asseoir leur légitimité. Les priver d’un écusson n’entravera pas ce processus. Prétendre le contraire est au mieux naïf, au pire hypocrite – on tape 2.
«Si le mouvement olympique entend conserver sa vocation universaliste, il doit bannir tous les athlètes qui portent la marque de l’agression, serait-elle symbolique.»
Ici, il est moins question de drapeau que de symbole. Sans doute que la plupart des membres des délégations russes et biélorusses est parfaitement méritante, qu’elle paie au prix fort pour une guerre qu’elle n’a pas choisie par la seule faute de la couleur de son passeport. Que c’est à tout bien considérer sûrement un peu injuste. Or, si le mouvement olympique entend conserver sa vocation universaliste, il doit bannir tous les athlètes qui portent la marque de l’agression, fût-elle symbolique.
C’était le prix à payer du CIO pour ne pas manquer son rendez-vous avec l’histoire: une occasion unique de peser de tout son poids sur les stratégies de récupération du sport par les régimes autoritaires. Raté. Le voilà désormais qui cache les cadavres – plus de 230 athlètes ukrainiens ont perdu la vie à ce jour dans ce conflit – sous le tapis bardé des anneaux olympiques.
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Commentaire sur l’olympisme – Le CIO rate son grand rendez-vous avec l’histoire
En ouvrant la porte aux athlètes russes et biélorusses, le Comité international olympique manque une opportunité en or de jeter des bases saines pour l’avenir.