Tout le monde peut déposer une plainte auprès du Conseil suisse de la presse (CSP). Rien de plus simple: il suffit de dire quelle couverture d’actualité semble problématique, et selon quel(s) article(s) de la Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste (DDD) elle l’est.
Nul besoin, donc, d’être un professionnel des médias ou du droit pour faire appel à lui: tout le monde est concerné par l’information d’actualité et a besoin d’informations vérifiées, indépendantes et respectueuses des personnes pour s’orienter dans sa vie quotidienne. Tout le monde est donc habilité à l’interpeller.
Lorsqu’une plainte est déposée, le CSP en prend connaissance, la valide, puis demande au média concerné de donner sa version, et décide si la plainte paraît fondée en regard de la DDD après avoir confronté les deux versions. En conclusion, sa décision est publiée sur son site, ainsi que par le média concerné.
«Le nombre de plaintes adressées au CSP a doublé ces dernières années, sans pour autant que ses moyens financiers n’augmentent.»
Cette belle machine ne fonctionne que grâce à la bonne volonté de l’ensemble des acteurs concernés: le plaignant, qui prend la peine de formuler une plainte; les journalistes, qui acceptent en prenant leur carte de presse que leurs éventuelles erreurs soient discutées publiquement; le média et son éditeur, qui examinent la plainte et y répondent; les membres de la présidence et des chambres, qui la discutent en détail avant de rendre leur avis; le média et son éditeur, encore, qui publient la décision, y compris quand elle ne leur est pas favorable; le public, enfin, qui en prend connaissance.
Le CSP garantit donc que la discussion publique sur les couvertures d’actualité puisse avoir lieu, bien plus qu’il ne distribue les bons et les mauvais points. Pour assurer le «droit du public à connaître les faits et les opinions» (Préambule de la DDD), les journalistes bénéficient de certains droits spécifiques (accès privilégiés à certains lieux ou informations, prise de parole sur les sujets qui leur semblent importants, etc.); en retour, ils respectent leurs devoirs et mettent en discussion leurs pratiques, en répondant de leurs éventuelles erreurs.
Plaintes en augmentation, financement stagnant
Sans financement additionnel, cette belle mécanique risque pourtant l’enlisement. Le nombre de plaintes adressées au CSP a doublé ces dernières années, sans pour autant que ses moyens financiers n’augmentent durablement. Il lui faut donc repenser son financement, pour assurer la bonne santé du contrat social qui lie les journalistes à leurs publics, et pour maintenir un espace de discussion nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie.
À l’heure où le débat public se tend, où les fake news se multiplient, où chacun peut diffuser largement des nouvelles non vérifiées avec son smartphone, un tel organisme est plus que jamais nécessaire et souverain pour la bonne santé de l’espace public.
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L’invitée – Le Conseil suisse de la presse, à quoi ça sert?
Annik Dubied décrit le fonctionnement de l’instance de recours en matière de déontologie journalistique et son souci de financement.