Pendant la pandémie, les producteurs ont mis toute leur énergie pour répondre à l’exceptionnelle affluence des consommateurs tout heureux de trouver des produits revigorants à la ferme. Enfin, les actes suivaient les beaux discours sur l’importance de manger sain et de soutenir l’économie locale en utilisant les circuits courts.
Ils ont dû déchanter. Ils savaient que cette frénésie ne durerait pas, mais n’auraient pas imaginé un tel contrecoup. Certes, le retour massif des éphémères exaltés du terroir à leurs habitudes plus citadines laisse un goût amer, mais il serait trop facile de mettre toute la faute dans le caddie des consommateurs, eux-mêmes victimes d’un système qui laisse trop peu de temps aux achats par monts et par vaux.
Au lieu d’accabler les clients, les agriculteurs, entrepreneurs dans l’âme, cherchent des solutions pour mieux répondre à leur demande. Idéalement, il faut un lieu bien situé, où l’on trouve un peu de tout, et à toute heure, un système hybride de vente en self-service et en magasin, avec un regroupement de produits provenant de plusieurs exploitants, pour proposer un large assortiment.
«Quel prix le consommateur est-il prêt à payer pour une alimentation locale, saine, savoureuse et respectueuse de l’environnement?»
Tout cela, ils l’ont compris, ils savent le faire, et n’ont pas attendu le Covid pour expérimenter différents modèles de vente. Mais c’est surtout la communication qui pèche. Les gérants de plateformes qui mettent en lien les producteurs et les consommateurs le disent haut et fort: «Ce qui leur manque, c’est le marketing digital». Les terriens répondent que ce n’est pas leur métier, et qu’ils n’ont pas le temps.
Une solution? Déléguer cette tâche, et la financer. Et là, on en revient au consommateur. Au prix qu’il est prêt à payer pour une alimentation locale, saine, savoureuse et respectueuse de l’environnement. Quel est le juste prix? Et pour quel salaire?
Lors des récentes assises de la promotion agricole organisées par le service cantonal de l’Agriculture, l’Association Marché Paysan a proposé la création d’un observatoire de la vente directe pour analyser cette question centrale pour le maintien d’une agriculture locale qui, on l’a vu, répond présent en situation de crise.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Le consommateur n’est pas seul en cause