Le Corbu, nouvelle polémique à deux balles
Depuis quelques années, Le Corbusier est au pinacle de l'Unesco et de son patrimoine mais ne vaut même plus dix francs. La Banque nationale suisse lui a préféré un autre billet jaune qui s'intéresse au temps et aux complications horlogères, mais qui fait l'impasse sur le plus éternel des architectes de la cité horlogère. C'est pratique, cela évite à notre pays de se reposer la question s'il ne faudrait pas censurer le personnage et son œuvre.
Il y a quatre ans, un demi-siècle après sa mort, on avait déjà eu droit à la même polémique. Trois livres plus ou moins habiles, pour dire et écrire que Charles-Édouard Jeanneret-Gris était un fasciste ou, à tout le moins, un collabo. En ce mois d'avril, rebelote. Une tribune entière dans «Le Monde», non pas le 1er avril mais le lendemain, où neuf signataires, pas moins - mais pas plus non plus -, assurent que «l'antisémite Le Corbusier ne doit plus bénéficier d'aucun soutien public».
«Est-ce qu'on devrait depanthéonaliser Frank Lloyd Wright parce qu'à une époque, il voulait appliquer le taylorisme à la construction de villas bon marché?»
Dans un autre opus sorti récemment, un collectif publie des essais soi-disant boycottés par les éditeurs. Dont la traduction de deux vieux textes en anglais expliquant que ce n'est pas parce qu'on est récupéré par les fascistes qu'on en est forcément un. D'ailleurs, certains bâtiments érigés sous des régimes totalitaires - notamment le courant brutaliste, de plus en danger - sont tout à fait dignes d'intérêt. Est-ce qu'on devrait depanthéonaliser Frank Lloyd Wright parce qu'à une époque, il voulait appliquer le taylorisme à la construction de villas bon marché? Reproche d'ailleurs fait aussi au Chaux-de-Fonnier.
Le Corbusier était un provocateur parfois saugrenu - il souhaitait détruire le Marais pour reconstruire Paris -, il n'était pas souvent sympathique, il avait un ego surdimensionné tout en s'appropriant certaines idées des autres. Il était opportuniste pour obtenir de tous les pouvoirs - qu'ils soient communistes, capitalistes ou fascistes - et qu'ils lui financent ces desseins. Comme beaucoup d'autres de ses collègues hier et aujourd'hui. Aux détracteurs qui veulent lui jeter la première pierre, une petite visite à Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp devrait suffire à reconnaître qu'il n'y a pas une once de totalitarisme dans le béton recourbé de cette merveille de chapelle.
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