Le Covid-19 ébranle notre protection sociale
René Knüsel se demande si un revenu de base universel n'aurait pas été préférable à la cacophonie actuelle.
Certaines leçons devraient être tirées de la crise sociale qui accompagne la pandémie du Covid-19. Parmi les plus urgentes à laquelle réfléchir: l'inadaptation partielle de notre système de protection sociale.
Les dispositifs sanitaire et surtout d'approvisionnement ont montré des limites, notamment en raison de la pingrerie généralisée face aux dépenses publiques. Mais là où les manques les plus cruels se sont fait sentir et se manifesteront encore, c'est face à l'impossibilité de subvenir à ses propres besoins.
La fragilité et surtout la complexité de notre dispositif ont éclaté au grand jour. Effaré, le public a pu, et va encore, découvrir les lacunes de protection des indépendants, des travailleurs précaires, mais plus généralement du dispositif de défense de l'emploi, soigneusement démantelé depuis une trentaine d'années.
Les demandes de soutien pour toutes ces personnes empêchées de travailler représentent des montants colossaux que l'État se doit de mettre à disposition. Le gâchis va encore s'accentuer avec un nombre élevé de personnes qui vont perdre définitivement leur emploi, leur revenu, leur entreprise.
Cette crise sociétale rappelle la fragilité de l'ensemble de notre système d'échanges, dans lequel seul le profit à court terme est valorisé. La Suisse, comme d'autres pays, aurait pu s'épargner une partie de cette crise en approfondissant la réflexion autour d'un revenu de base garanti.
En juin 2016, la Suisse refusait sèchement cette occasion de réflexion. Aujourd'hui, une partie de la population doit apprendre à jongler avec des dispositifs inadaptés tels que l'allocation pour perte de gain, le chômage partiel, le chômage et bientôt l'aide sociale.
L'administration doit apprendre à conjuguer l'ayant droit sous toutes ses formes pour, à force de contorsions, accepter les prestations à l'un et les refuser à un autre. Inutile d'ajouter toute la problématique de l'endettement, qui menace un nombre important de PME.
«Un système de revenu garantissant à chacun un minimum économique et social n'aurait-il pas été préférable à la cacophonie actuelle?»
Un système de revenu garantissant à chacun un minimum économique et social n'aurait-il pas été préférable à la cacophonie actuelle? Le développement des idées, d'abord fortement combattues, intervient souvent après l'expérience pratique d'une crise.
L'évolution des mentalités, le dépassement des blocages idéologiques devraient s'accélérer, le temps des enseignements à tirer venu. Le poids des dettes, le nombre de faillites devraient atténuer les réticences face à ce changement indispensable et ouvrir le champ à un débat serein sur la protection sociale, non pour répondre à la crise actuelle, mais pour anticiper les développements futurs.
Le revenu de base est en mesure de renouveler fondamentalement le vivre-ensemble. Son principe est porteur de solutions à des problèmes actuels mais surtout à venir.
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