Comme on se retrouve. Pour la cinquième fois en quinze mois, Yverdon-Sport et Lausanne-Sport, les deux équipes phares du canton, seront opposés sur le pré, vendredi soir. Pour l’heure, le bilan est neutre, si l’on tient compte du match de coupe de la saison dernière. Ce nouveau derby est ainsi marqué d’un double sceau: rivalité vaudoise et suprématie cantonale.
Ils ne l’admettent pas vraiment, mais les Yverdonnois semblent aimer enfiler le maillot de souffre-douleur du «grand méchant voisin lémanique». Reconnaissons-le aussi: outre-Mormont, les Lausannois ont depuis toujours eu tendance à porter un regard condescendant – au moins un brin – sur tout ce qui se trouve sur ces «terres rurales et reculées s’étendant au nord de Cheseaux». C’est vrai en sport comme dans la vie en général.
Pourtant, la pelouse synthétique de la Tuilière n’est pas plus verte que le gazon naturel du stade Municipal. Cette année, la lecture du classement le laisse encore plus entendre que par le passé.
«On se cherche toujours une rivalité», concède un supporter de longue date du LS. Faute de Servette, c’est donc YS, qui n’en demandait pas tant. Certes. Mais que cet antagonisme sportif n’envahisse pas tribunes et abords de stades. Car oui, il y a eu des échauffourées entre fans des deux clubs, rembobine le même supporter. Chercher à savoir qui a allumé la mèche reviendrait sans doute à découvrir qui de la poule ou de l’œuf était là d’abord.
«La pelouse de la Tuilière n’est pas plus verte que le gazon du Municipal.»
Si la tension est palpable, le microcosme des ultras ne souhaite pas s’en faire l’écho dans la presse, se réfugiant derrière les codes du milieu pour expliquer en coulisses leur silence. On aimerait croire à une volonté de ne pas mettre d’huile sur un feu qui ne demande qu’à s’embraser plus encore.
Mais à l’heure où nombre de dirigeants regrettent des affluences trop modestes dans les stades (c’est plus vrai à Yverdon qu’à Lausanne), les supporters les plus engagés devraient reconsidérer certains de leurs gestes et admettre qu’ils font davantage le jeu des chaînes de sports payantes que le beurre du caissier de leur club.
Et puis, mieux vaut chanter pour encourager ses couleurs que vociférer en «défiant les crétins en bleu, insultant les salauds en vert», disait Renaud il y a 40 ans.
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Éditorial avant YS-LS – Le derby dit davantage qu’une rivalité sportive
Une fois encore YS et LS vont s’affronter sur la pelouse. Au-delà du match de foot, ce duel raconte le regard que se portent le chef-lieu et son arrière-pays.