Lavaux ClassicLe doux virtuose cache un amateur de décibels
Le guitariste Johan Smith donne un récital très classique samedi 5 juin à Cully. Portrait d’un virtuose qui sévit aussi dans un groupe de metal.

Guillaume Hersperger, le directeur artistique du Lavaux Classic, a fait un choix emblématique en offrant à Johan Smith un récital solo lors du premier week-end du festival, pour faire découvrir un artiste inscrit dans la région. En 2019, le guitariste terminait sa formation à la Haute École de musique de Lausanne et décrochait le Graal des guitaristes: le 1er prix de la Guitar Foundation of America (GFA). «Je ne suis pas encore totalement retombé sur terre depuis, confie le musicien. Mais c’est maintenant que le vrai travail commence, car les gens m’attendent au tournant!» On imagine que le Genevois n’a pas chômé pour arriver à ce niveau: «La clé, c’est évidemment beaucoup de travail. J’ai commencé assez tard la guitare, à 9 ans, mais à 19 ans, j’ai eu envie de m’y investir totalement.»
Pluie diluvienne
Donner l’impression que la transcription «terrifiante à la guitare» de la «Sonate en do» de Mozart est tout aussi simple que l’original au piano, c’est son défi pour Cully. Quand Johan Smith s’investit, c’est en profondeur. Même là où on ne l’attend pas. Car le virtuose distingué cultive un répertoire bien plus bruyant et saturé, avec son groupe de metal Stortregn (pluie diluvienne en suédois) qui a publié un cinquième album ce printemps. «C’est vrai que je ne laisse pas volontiers tomber mes projets, approuve le cofondateur du quintette en 2008. Je le fais sans prétention, pour me vider la tête! Mais paradoxalement, cette violence m’apporte beaucoup pour m’affirmer en musique classique.»
«J’ai commencé assez tard la guitare, à 9 ans, mais à 19 ans, j’ai eu envie de m’y investir totalement.»
La preuve, Johan Smith l’apporte à Cully en enchaînant deux programmes ce samedi 5 juin. En première partie, il livre ses transcriptions de Mozart, Schumann et Schubert. Puis le Genevois défendra des extraits de son album paru chez Naxos en 2020, de Bach à Josquin Schwizgebel, jeune compositeur suisse qui lui a écrit une évocation de la sonde «Voyager». La guitare voyage dans l’histoire de la musique et dans l’espace sans craindre les grands écarts!
Cully, temple
Sa 5 juin (18 h et 21 h)
www.lavauxclassic.ch/
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