Marché de l’art Le fils de Balthus vend des dessins de son père aux enchères
C’est un peu de l’intimité du peintre qui est en vente en ligne chez Christie’s jusqu’au 28 octobre.

L’aîné du peintre a exposé Balthus en dessinateur effervescent, cherchant sur la feuille les contours et l’âme de ses huiles. Un travail de patience, de connaissance montré au Grand Chalet de Rossinière en 2005. Auteur de plusieurs ouvrages, il l’a aussi éclairé dans «Les desseins de Balthus». Aujourd’hui et jusqu’au 28 octobre, Stanislas Klossowski de Rola a confié 46 pièces de sa collection personnelle à Christie’s pour une vente en ligne.
«Je ne crois pas qu’il y ait de raison très précise qui le pousse à vendre, glisse Garrett Landolt, spécialiste de l’art d’après-guerre et contemporain chez Christie’s Genève, si ce n’est peut-être son âge qui avance. Ce lot de dessins, mais aussi de peinture et d’esquisses aquarellées de projets de décoration, est constitué d’œuvres qui lui ont été données par son père et qui lui sont souvent dédicacées.»

Les estimations vont de 2000 euros à 100’000 euros pour l’unique huile, le «Portrait du Colonel Baron Moritz de Watteville», un ami de Balthus à travers lequel celui-ci rencontre sa première femme, Antoinette de Watteville, la mère de Stanislas Klossowski de Rola. «Mon père, écrit-il, présenta le portrait en question à notre mère comme cadeau d’anniversaire deux ans avant sa mort. Le dessin préparatoire pour ce même portrait nous est aussi parvenu.»
Des moments de vie

Le lot en vente égrène ainsi des moments de vie du «Roi des chats», une vue depuis sa chambre à Rossinière, l’atmosphère d’une séance de pose, des études de nu, un dessin satirique alignant une drôle de bande de «tireurs de langue». Ou une étude pour «Le peintre et son modèle» réalisée sur un panneau de bois du Grand Chalet! Ou encore une rose, des essais autour de sa couleur, de son allure. «À ce propos, écrit encore le fils, je me souviens de mon père juché sur une grande échelle tenant une magnifique rose dans sa main gauche et son pinceau de la main droite, et peignant avec une admirable dextérité cette rose à même le mur. J’étais à 10 ans éperdu d’admiration.»
«À partir des années 80, chaque année à l’occasion soit de mon anniversaire soit Noël, mon père m’a laissé choisir dans ses cartables comme cadeaux, immensément préférables à tous les autres, ceux de ses dessins qui me touchaient le plus.»
Ces 46 pièces permettent de suivre ces spontanéités de l’artiste qui s’enchaînent sous des traits toujours renouvelés. Parfois stricts et décidés – comme s’il gravait le papier dans une étude pour le «Passage du Commerce-Saint-André» –, parfois grésillant de vie comme dans «Six personnages en costume espagnol». Ou si tendres lorsque l’artiste effleure les contours d’un corps assoupi. Un ensemble qui résulte d’un choix, celui d’un gosse qui pouvait à Noël, ou à son anniversaire, se faire un cadeau dans les cartables de son père…
Vente en ligne jusqu’au 28 octobre https://onlineonly.christies.com
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