Carnet noirLe galeriste Edouard Roch «travaillait contre l’oubli»
Relieur de métier, le natif de Ballens s’était laissé gagner par l’art et les artistes. Il est décédé dans sa 82e année.

Cet été 2017 où il exposait les huiles, aquarelles et collages de Jean Planque, il y avait de la fierté à perpétuer l’œuvre d’un discret et un énorme respect dans l’air des espaces à rallonge de la galerie de Ballens. Il y avait, aussi, cette retenue très terrienne qui dit l’admiration mieux que des mots. Le maître des lieux, Edouard Roch, soufflait alors: «Je ne l’ai pas connu, mais je savais son histoire et son implication indissociable de la réussite de la galerie Beyeler.»
«Edouard Roch est un pionnier des galeries à la campagne.»
Ce bon sens, Edouard Roch l’a mis au service des artistes – dont Kurt von Ballmoos, exposé douze fois de son vivant – pendant quarante ans avec une fidélité à ceux en qui il croyait. Même au-delà de la mort où le galeriste les a rejoints le 17 mai dernier, dans sa 82e année. «Pionnier des galeries à la campagne, collectionneur et mécène, ce n’était pas un intellectuel de l’art, brosse Armande Reymond, une amie de longue date. D’ailleurs il ne se disait pas galeriste.»
«Il a travaillé contre l’oubli avec ce plaisir de faire, bien avant celui de vendre. En allant à Ballens, on savait qu’on allait vivre quelque chose, témoigne Laurent Delaloye, collectionneur et chroniqueur dans ces colonnes. C’était l’enchantement, les accrochages avaient la marque d’un enthousiasme incroyable.»
Edouard Roch, un relieur de métier qui aurait adoré être jardinier-horticulteur, est donc devenu galeriste dans cette grande maison de Ballens, son village, écrivant un jour: «Je me suis mis dans un engrenage fantastique et diabolique en me condamnant à vivre autour de cette maison.» Cet engrenage, il l’a huilé avec une généreuse sensibilité.
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