La presse du 25 février 2022Le jour où la guerre en Ukraine s’est imposée en une de nos journaux
Comment choisir «la» photo qui exprimera le choc, l’impensable, la frayeur suscitée par le passage à l’acte de Vladimir Poutine? À «24 heures», les discussions ont été vives.

Quel titre de manchette, quelle image choisir pour dire le choc, l’impensable, la frayeur suscitée par cette guerre qui a éclaté à l’aube du 24 février dans l’est de l’Europe? À «24 heures», comme vraisemblablement dans bien d’autres rédactions, les discussions ont été vives et passionnées ce jour-là entre la rédaction en chef, la direction artistique et le responsable du service photo. Une chose était sûre, il fallait absolument concevoir une une spéciale, à la mesure de l’événement.
Flot d’images
Dès le matin de ce funeste jeudi, quelques heures après l’annonce glaçante du président russe Vladimir Poutine, les images des agences photo ont commencé à pleuvoir, de plus en plus nombreuses: les dégâts causés par les premières frappes sur Kharkiv, Donetsk ou Marioupol, les visages affolés des civils, les blessés, les chars russes, les files de voitures marquant le début de l’exode… L’inconcevable s’était produit, le passage à l’acte avait eu lieu. La guerre était à nos portes.
Martyre annoncé
Plutôt que l’horreur du premier sang versé, c’est ce sentiment de proximité avec la population ukrainienne attaquée, cette émotion que nous avons voulu exprimer en une de notre journal à travers les regards embués d’une mère et son enfant fuyant Severodonetsk.
Cette femme, ce petit garçon, c’était moi, c’était vous, votre sœur ou votre petit-fils. Un an après, cette image saisie par Vadim Ghirda (agence Getty) a gardé à nos yeux toute sa puissance, son universalité. Elle semble préfigurer l’immense élan de solidarité qui s’est emparé des Vaudoises et des Vaudois profondément touchés par le martyre annoncé.
Autres rédactions, autres choix
La «Tribune de Genève» a opté pour une image livrée par l’agence Keystone, montrant des policiers en train d’inspecter une zone dévastée après une supposée frappe russe à Kiev.

«Le Temps» a choisi une image très graphique aux accents postapocalyptiques. Une vue de Kiev plongée dans un brouillard vraisemblablement causé par les frappes russes au matin du 24 février. La photo est signée par Yevhein Kottenko (Ukrinform, Getty).

Notre confrère valaisan «Le Nouvelliste» a choisi de montrer les premiers dégâts causés par l’attaque russe sur plusieurs villes de l’est de l’Ukraine et leur impact sur les habitants. Une femme court dans les décombres d’un quartier dévasté, un seau dans une main, un téléphone portable dans l’autre. Où exactement? La photo de une, signée Keystone, n’est pas légendée.

«La Liberté» à Fribourg se focalise sur la détresse de la population et l’exode qui s’annonce à travers l’image d’une femme désemparée, assise dans la gare de Kiev, parmi d’autres habitants pressés de fuir la capitale ukrainienne (Keystone).

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