
Personne ou presque ne lui portera la moindre attention, durant le mois à venir. Trop minus, pas assez grandiose. Relégué dans l’ombre des huit mastodontes flambants neufs qui accueilleront les 64 matches de cette Coupe du monde, le Doha Sports Stadium n’aura pas voix au chapitre – aucune sélection ne daigne même s’y entraîner. Et pourtant… Discrètement lovée au cœur d’un quartier résidentiel de la capitale qatarienne, non loin du Souq Waqif, cernée de grues et de minarets, l’enceinte possède une sacrée histoire.
Voilà trois quarts de siècle que l’on y joue au football – qui a dit que le Qatar, longtemps sous protectorat britannique, n’avait aucune tradition en la matière? Au début, c’était un vague terrain – pour ne pas écrire l’inverse. On utilisait du pétrole pour dessiner les lignes sur un mélange de sable et de terre battue. Mais en 1962, c’est là qu’a été officiellement inaugurée la première ère de jeu en herbe de tout le monde arabe. Était-ce écologique? La question ne se posait pas, alors.

Fondé en 1950, le Al Ahli Club a établi ses premières pénates au Doha Stadium. Le petit écrin, qui peut accueillir aujourd’hui 2000 spectateurs dont une centaine dans sa loge climatisée, a coulé une existence quasi anonyme… si l’on excepte la venue de Mohammed Ali en 1971, qui y disputa un combat exhibition devant une foule conquise. Deux ans plus tard, c’est une autre star planétaire qui viendra y distiller quelques gouttes de son génie.
Le 14 février 1973 en effet, le FC Santos du Roi Pelé a disputé là un match amical – remporté 3-0 contre Al Ahli. Une petite exposition rappelle le grand moment, quelques photos à l’appui. Dans l’un des deux vestiaires, parmi d’autres reliques, trône une réplique métallique du divin peton brésilien.

Près d’un demi-siècle plus tard, il y a quelque chose de surréaliste à imaginer les arabesques du Roi Pelé dans ce décor. Personne n’a pu nous renseigner sur le contexte exact de sa venue, ni sur l’éventuel cachet perçu par une vedette dont le sens des affaires ne s’est jamais démenti par la suite. Une chose est certaine: vu le pactole éhonté qu’il a encaissé pour jouer les hommes-sandwiches dans le désert, Sir David Beckham pourrait avoir le bon goût de venir tirer quelques coups-francs sur cette pelouse historique.
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Mirages – Chronique du Qatar – Le jour où Pelé a distillé ses arabesques à Doha
Il était une fois le 14 février 1973, alors que David Beckham n’était pas encore né…