«Le concept n'a pas rencontré le succès escompté», concède Conforama. Lorsque la marque ouvre en grande pompe, il y a quatre ans, sa boutique Confo Déco sur la place Saint-François, elle vise une clientèle citadine et piétonne avec des objets de décoration pas chers et faciles à transporter. La sauce n'a pas pris. Tous les Confo Déco de Suisse sont condamnés.

La filiale lausannoise – dont Conforama assure conserver l'intégralité du personnel – ferme définitivement le 21 janvier prochain. Soldes de liquidation obligent, le magasin normalement garni de linge de maison, lampes, miroirs, photophores et vaisselle est déjà à moitié vide.

On ignore encore l'identité du repreneur. Le propriétaire, la société PSP Swiss Property, confirme que plusieurs visites ont déjà eu lieu. «Mais cela n'a rien donné de concret», rapporte Alain Ngabonziza, gérant de l'immeuble. On n'en saura pas davantage sur le profil des candidats.

Repreneur inconnu

Textile? Restauration? Electronique? Les prédictions vont bon train quant à la nature de futur commerce avec pignon sur rue. Une chose est certaine: le locataire devra avoir les reins solides pour assumer un loyer qui, s'il reste confidentiel, doit atteindre des sommets.

Au moment de son départ, en 2011, Manor avait d'ailleurs fait savoir que l'augmentation dudit loyer ne permettait plus à son affaire d'être rentable, et ce malgré les allées et venues quotidiennes de 1300 clients au buffet. Alain Ngabonziza évoque «une location de premier choix; un bâtiment extrêmement central, avec beaucoup de passage», mais se refuse à articuler un chiffre.

«Le concept Confo Déco était un test; il nous a permis de progresser sur le choix des articles de décoration que les clients retrouveront dans nos magasins»

«Nous avions des articles à petits prix et les loyers au centre-ville sont chers», convient Nicolas Probst, directeur des ventes chez Conforama. La marque avait consenti un investissement de 1 million de francs pour les travaux nécessaires à Saint-François. «Nous nous recentrons aujourd'hui sur nos magasins en dehors des villes et sur le principe de vendre sous un même toit les meubles, l'électronique et tout ce qui est déco, explique Nicolas Probst. Le concept Confo Déco était un test; il nous a permis de progresser sur le choix des articles de décoration que les clients retrouveront dans nos magasins.»

Un nouveau destin attend le bâtiment triangulaire bien connu des Lausannois. Cet immeuble classé qui a remplacé l'Hôtel du Grand-Pont, démoli en 1910, a été édifié entre 1910 et 1911 en vue d'accueillir la Banque fédérale. Au rez-de-chaussée, les guichets en granit. Au sous-sol, la salle des coffres.

L'élégant édifice marquant l'angle entre le Grand-Pont et la rue du Grand-Chêne est l'œuvre des architectes Eugène Monod et Alphonse Laverrière. Grand bâtisseur lausannois, ce dernier est par ailleurs responsable du Tribunal fédéral, du cimetière de Bois-de-Vaux, de l'Hôtel de la Paix, de la tour Bel-Air, de la façade de la gare ou encore du pont Chauderon.

Au lendemain de la guerre, le bâtiment de la Banque fédérale se mue en cinéma avec le Cinéac, disparu en 1969. Il accueille ensuite une série de restaurants dont Saison d'or, Croco et enfin Manora.

Regretté Manora

Le souvenir de ce self-service à l'ambiance et aux prix populaires reste vif dans l'esprit des Lausannois. Interrogés via les réseaux sociaux, nos lecteurs sont nombreux à plébisciter le retour d'un établissement du même genre «où l'on peut manger rapidement, sainement et pour pas trop cher», «un resto sympa sans fioriture, bon et accessible à tous».