Le Magic Pass n’en finit pas de surprendre. En 2016, lors de sa création, l’abonnement dégriffé a d’emblée ébahi le marché: 80’000 forfaits vendus d’un coup. Il fallait alors réagir à l’érosion du ski, en le rendant plus abordable. Alléchés par le prix cassé et la flexibilité horaire et géographique du désormais célèbre sésame bleu, de nombreux skieurs ont ressorti leurs lattes de la cave. Et une clientèle, essentiellement urbaine, qui skiait de temps à autre est venue rejoindre plus régulièrement les habitants des stations sur les pistes.
Mais le ski continue à perdre de la vitesse en Suisse. Et les journées ski fondent à vue d’œil, inéluctablement: au nombre de 29,3 millions en 2009, elles ont fléchi à 25,4 millions aujourd’hui. Si le Magic Pass était parvenu à refaire du ski un sport populaire, il était peu imaginable de le voir résister au réchauffement climatique.
Or le sésame, qui séduit de plus en plus de destinations, est en train d’y parvenir. Il devient un moteur de transition vers un tourisme des quatre saisons pour la montagne en proie au déneigement.
À Evolène (VS), comme dans d’autres villages montagnards, les habitants se sont battus pour maintenir leurs remontées mécaniques et la vie dans leurs villages, afin de ne pas devoir tout quitter pour descendre en plaine. Aujourd’hui, le Magic Pass amène à la commune valaisanne, été comme hiver, une clientèle urbaine éprise d’un retour à la nature. Une aubaine, également pour d’autres stations.
C’est que, selon une étude de Suisse Tourisme, pour 1 franc dépensé dans un abonnement de ski, 6 francs retombent dans l’économie locale, un forfait représentant 15% des dépenses d’un skieur en montagne. À Villars-Gryon, par exemple, 4500 skieurs viennent annuellement dévaler les pistes du domaine durant cent dix jours hivernaux. Et, surtout, dépenser leur argent à l’hôtel, au restaurant et pour d’autres loisirs. En montagne, pour l’heure, il n’existe aucune alternative à la puissance économique du ski.
Au Magic Pass, il manque toutefois un ou deux «grands». Et si, par miracle, des géants comme Verbier ou Zermatt entraient dans la coopérative, il n’y aurait sans doute plus grand monde en ville, le week-end. Été comme hiver.
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Éditorial – Le Magic Pass, l’exode urbain
Le célèbre sésame bleu devient un moteur de transition vers un tourisme des quatre saisons pour la montagne en proie au déneigement.