Comment bien se protégerLe masque, entre mauvaises habitudes et bonne conscience
Se couvrir le visage en plein été est parfois pénible. La tentation de s’afficher avec un objet sanitaire sans précautions hygiéniques inquiète les spécialistes.

Que ce soit dans les transports publics ou dans les commerces, le port du masque s’est généralisé pour faire face à la pandémie de coronavirus. Alors que le nombre de nouvelles infections est reparti à la hausse, la façon de porter ce masque varie d’un individu à l’autre. Bien que les errements de la Confédération au sujet de ce masque aient semé le trouble dans les têtes, il est pourtant une donnée qui n’a pas varié: le port de cet objet s’accompagne invariablement de gestes précis, sous peine de risquer la contamination, rappellent les spécialistes. Or, avec les températures estivales, on constate un usage du masque parfois folklorique.
Porter son masque sur le cou, sur le menton ou en laissant apparaître son nez… Il suffit de sauter dans un bus ou partir faire ses courses pour observer des façons fort diverses de porter le masque. Les grosses chaleurs de la fin juillet n’ont rien arrangé. Chacun cherche à améliorer son confort, sans mettre à mal sa bonne conscience. Mais ces moments d’apparente liberté fragilisent l’efficacité du masque, alors que le franchissement de la barre des 200 nouveaux cas de Covid-19 pour les deux derniers jours de juillet semble avoir mis les autorités sur le pied de guerre.
«C’est maintenant qu’il faut éviter de perdre la bataille»
Au CHUV, le docteur Bruno Grandbastien, médecin adjoint à la Direction de la médecine préventive hospitalière, rappelle l’importance de manipuler correctement son masque. «C’est maintenant qu’il faut éviter de perdre la bataille», assure le spécialiste face à la probabilité d’une deuxième vague. «On constate partout l’augmentation des nouveaux cas de Covid-19, et pas seulement en Suisse. Tous les signaux vont dans le même sens et il faut que l’on «serre les boulons». Si on ne le fait pas individuellement, cela va contraindre les autorités à l’imposer.»

Les mains
Différentes études montrent que l’on se touche le visage, jusqu’à une bonne vingtaine de fois par heure. Et cela ne change pas en portant le masque, dont il faut pourtant éviter de toucher la partie exposée vers l’extérieur. «Le port du masque et l’hygiène des mains sont indissociables, rappelle le CHUV. À chaque manipulation du masque, il faut se désinfecter les mains.» Cela se fait avant de le mettre et après l’avoir enlevé.
Le nez et la bouche
«Il est important de bien ajuster le masque sur le visage en raison de la transmission aérienne, rappelle Bruno Grandbastien. Mais le gros de la contagion se fait par les gouttelettes, les postillons, et c’est de cela que le masque protège le mieux, autant soi-même que les autres.» Par ailleurs, les muqueuses du nez sont l’une des niches du virus. Avec le masque, on évite de se toucher le nez, en évitant ainsi de disperser l’éventuelle présence du Covid sur toutes les surfaces qui entreraient en contact avec les mains.
Et lorsqu’on n’en peut plus de ce fichu masque? «Si on veut faire une pause , il vaut mieux le décrocher d’une oreille, et le laisser suspendu à l’autre, que de le placer sur le menton ou sur le cou. Le mieux est encore de le prendre par les élastiques et le glisser dans une enveloppe ou un sachet.» Glisser un masque infecté dans sa poche ou dans son sac revient à y stocker le virus, qui ne tardera pas à contaminer les mains.
Réutiliser son masque?
«Jeter son masque directement après emploi se fait dans les milieux médicaux, souligne le médecin du CHUV. Mais le grand public peut le conserver en encadrant sa manipulation d’un geste d’hygiène des mains, même lorsqu’on le laisse sécher quelques jours. Dans tous les cas, on considère qu’un masque jetable ne devrait pas servir plus de 4 heures. Pour les masques en tissus, ils doivent être lavés à 60 degrés et séchés chaque jour.»
Les recommandations cantonales précisent que l’on peut réutiliser un masque après séchage de 5 à 6 jours. Pour le médecin, elles sont un peu datées. «Un masque jetable mouillé par la respiration ou la sueur devrait être jeté. Si le Canton a pu conseiller sa réutilisation, je pense que c’était en réponse à la pénurie de masques; on n’en est plus là aujourd’hui.»

Le bras
Se balader avec son masque accroché au coude? La chose a beau être pratique, voire stylée pour certains, elle n’emballe pas les spécialistes. «Ce n’est pas vraiment un problème, mais il faut savoir que cela peut altérer les élastiques, dit Bruno Grandbastien. Nous pensons qu’il est préférable que les gens conservent une routine unique de gestes hygiéniques.»
S’y habituer
Et si le port du masque est encore insupportable pour certains, les médecins rappellent qu’il fait partie de leur quotidien et que l’on finit par s’y habituer. «La pénibilité du port du masque vient du fait que, pour être efficace, il doit gêner un peu la respiration. Mais on le porte en continu à l’hôpital, au point qu’on finit par oublier sa présence. Malheureusement, il n’y a pas vraiment de truc à donner pour mieux s’y habituer.»

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