Affaire DawesLe narcotrafiquant nie être à l’origine des «faux»
Robert Dawes, connu sous le nom du «seigneur de la drogue» était jugé à Paris ce mardi pour «faux en écriture publique» et «tentative d’escroquerie au jugement».

Le Britannique Robert Dawes, alias «Drug Lord» (Le «seigneur de la drogue»), jugé à Paris pour «faux en écriture publique» et «tentative d’escroquerie au jugement», s’est défendu mardi d’être l’auteur des faux pour lesquels il comparaît aux côtés de ses deux anciens avocats, ténors du barreau parisien.
«Sans ces faux documents, j’étais quasiment assuré d’être acquitté. À la place, j’ai été lourdement condamné à 22 ans de réclusion criminelle. Pas pour trafic de cocaïne mais à cause de ces faux documents», a soutenu le prévenu, étroitement surveillé dans son box vitré par quatre policiers armés et encagoulés.
Âgé de bientôt 50 ans, Robert Dawes avait été jugé devant la Cour d’assises de Paris en décembre 2018 pour son rôle supposé dans un trafic international de stupéfiants.
L’accusation tenait alors essentiellement sur une interception téléphonique de M. Dawes, réalisée dans le cadre d’une procédure espagnole et sur laquelle on pouvait l’entendre revendiquer la propriété d’1,3 tonnes de cocaïne saisie en septembre 2013 par l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis, devenu depuis Ofast, Office anti-stupéfiants) après avoir été acheminée en France via un vol Caracas-Paris.
À l’audience, devant la cour d’assises, les avocats de M. Dawes, Mes Joseph Cohen-Sabban et Xavier Nogueras, deux pénalistes chevronnés, avaient provoqué un coup de théâtre en produisant une supposée ordonnance espagnole présentant comme illégale l’écoute téléphonique clef pour l’accusation.
Sauf que ce document était un faux.
Les deux avocats comparaissent aujourd’hui devant le tribunal correctionnel pour «complicité de tentative d’escroquerie au jugement» et «violation du secret professionnel», et risquent un an de prison, 15.000 euros d’amende et surtout de perdre leur autorisation d’exercer. Lors de leur interrogatoire lundi, tous deux ont affirmé avoir été «piégés», «bernés» et «manipulés».
Mais par qui ?
«Si une seconde, j’ai conscience que c’est un faux, je suis mort, c’est la fin de tout! Comment je ferais une demande de mise en liberté de Robert Dawes avec un faux, au risque de perdre ma robe! Mais qu’est-ce que j’en ai à faire de la liberté de ce Robert Dawes», avait dit, visiblement ému, Me Xavier Nogueras.
Arranger ou faire émerger
Mardi, Robert Dawes n’a pas été tendre avec ses anciens avocats qui, selon lui, «n’ont pas fait leur travail» en ne vérifiant pas la véracité des documents incriminés. «Ils ne sont pas à l’origine des faux», a-t-il cependant admis.
Pourquoi produire des faux d’ailleurs? Le Britannique a assuré au tribunal qu’il se savait surveillé par la police espagnole et que ses déclarations (écoutées par les enquêteurs), qu’il a lui-même reconnues, n’étaient que des «provocations».
Dans son long plaidoyer pro domo, le Britannique, s’exprimant via des interprètes et qui connaît à fond le dossier, a suggéré qu’il pourrait s’agir d’un coup monté fomenté par l’Agence nationale contre le crime (NCA) britannique.
La condamnation à 22 ans de réclusion de M. Dawes, par ailleurs sous le coup d’une demande d’extradition des Pays-Bas pour une affaire d’assassinat, avait été confirmée en appel en juillet 2020.
Pour l’accusation, M. Dawes serait bien à l’origine des faux avec l’aide de complices. Elle met notamment en avant un échange sur WhatsApp d’août 2018 entre M. Dawes et l’un de ses proches, Evan Hugues, renvoyé pour «faux en écriture publique» et «tentative d’escroquerie au jugement» et jugé en son absence.
«Notre travail n’est pas de gagner contre l’accusation car c’est impossible mais de convaincre les juges qu’ils ne peuvent pas parvenir à une décision avec autant de doute», écrivait M. Dawes à son ami en suggérant d'»arranger la vérité» («to merge in with truth»).
A l’ouverture de son procès devant le tribunal correctionnel, M. Dawes avait expliqué qu’il avait fait une faute de frappe. Il voulait écrire «emerge» et non «merge».
AFP
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