Séance du Grand Conseil «spécial Covid»Le parlement veut pérenniser les bandes cyclables «postconfinement»
Tracés l’an dernier par le Canton pour offrir aux Vaudois déconfinés une option à la voiture, ces 100 km de bandes cyclables sont censés être provisoires. Une majorité des députés souhaite les conserver.

Une année de crise sanitaire en Suisse, ça vaut bien une session spéciale du Grand Conseil, prolongée mardi jusqu’à 21 heures pour écluser un monceau d’objets en suspens, la plupart en lien avec le Covid. L’occasion mérite même un communiqué du parlement: «Dès le début (…), le Grand Conseil s’est adapté à des conditions changeantes, afin de continuer à assumer sa fonction législative et de surveillance. Il a ainsi pu traiter les décrets visant à venir en aide à la société et à atténuer les difficultés rencontrées par la population», y lit-on.
Voter les décrets du Conseil d’État, c’est une chose. Apporter des idées et des impulsions en est une autre, qui a passablement occupé les élus mardi. L’objet le plus clivant a été le postulat Vert visant à pérenniser les 100 kilomètres de bandes cyclables provisoirement tracées sur des routes cantonales en juin dernier par la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR).
C’était, rappelons-nous, une sorte d’action coup de poing née du Covid, à une époque où le déconfinement et la crainte du virus laissaient supposer que les pendulaires vaudois allaient privilégier la voiture aux transports publics bondés pour retourner au turbin. Une étude parlait de 10% de trafic en plus.
«Une trahison»
«Certaines de ces décisions ont été prises rapidement et sans concertation, et les bandes cyclables ne sont pas toujours adaptées à la situation», estime l’UDC Jean-François Thuillard, rapporteur de minorité. Le PLR Pierre Volet parle, lui, de «trahison»: «Ces bandes ont été faites dans l’urgence, n’ont pas été étudiées par la Commission des infrastructures. On a dépensé des centaines de milliers de francs, sans études complètes, et les Communes ont été mises devant le fait accompli!»
«On a dépensé des centaines de milliers de francs, sans études complètes, et les Communes ont été mises devant le fait accompli!»
Présidente du gouvernement, la socialiste Nuria Gorrite a mis les points sur les i: «La DMGR a agi dans le strict cadre de ses compétences, légales et financières. Ce parlement a envoyé des messages clairs de la part de tous les partis politiques, par des postulats, des interpellations ou en décrétant l’urgence climatique, et on a traduit ces intentions par un changement de braquet en se préoccupant de l’arrivée massive de cyclistes.» Et de rappeler que l’entier de ces bandes cyclables fait partie d’une planification stratégique adoptée en… 2010. «On ne peut pas dire que c’est complètement précipité, ou sorti d’un chapeau.»
Élan cyclophile
«Le coût du vélo est marginal, en termes d’accidents, d’environnement, d’infrastructures. L’argument financier n’a aucun sens», a embrayé l’écologiste Alice Genoud, rapportrice de majorité. PS, Verts, Vert’libéraux et Libres ont aisément formé une majorité pour l’emporter, d’autant que quelques députés libéraux-radicaux ont aussi soutenu le postulat.
Les députés sont ensuite remontés en selle et ont hésité à imposer au Conseil d’État l’aménagement d’une bande cyclable entre le lieu dit La Merlaz et le village de Baulmes, un tronçon en piteux état qu’il ne s’agissait en principe que de retaper pour 3,8 millions de francs.
Cela aurait nécessité un élargissement de la route et une procédure d’expropriation, rallongeant le crédit de 1,1 million de francs, alors que – de l’avis du Canton – les adeptes de la petite reine sont peu nombreux à emprunter cette route. Elle ne figure même pas dans la planification stratégique susmentionnée, a souligné Nuria Gorrite, tentant cette fois de freiner l’élan cyclophile du parlement. La gauche s’est, cette fois, dispersée et l’amendement au projet est passé à la trappe.
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