Fable «lumineuse» à LausanneLe Petit Théâtre s’empare de «Seule dans ma peau d’âne»
L’auteure Estelle Savasta réinterprète le célèbre conte de Perrault pour en faire l’histoire d’une fille qui grandit et cherche seule à tenir droit dans ses bottes.

Le Petit Théâtre à Lausanne s’empare de «Seule dans ma peau d’âne», une pièce d’Estelle Savasta, une auteure à la tête de sa propre compagnie. Cette réappropriation d’un conte de Perrault avait été nominée pour un Molière du spectacle jeune public.
Si le conte de Perrault a été écrit il y a quatre siècles, Estelle Savasta, une auteure majeure du théâtre francophone jeune public, en a fait une version contemporaine très personnelle. Sa réinterprétation, qui diverge du texte original, fait de cette fable l’histoire de l’émancipation d’une jeune femme.
La salle bruisse
Mi-janvier, à deux semaines de la Première, la salle du Petit Théâtre bruisse de conversations. A près de 20h00, les artistes s’affairent.
Sur scène, la comédienne qui incarne l’Infante travaille avec le chorégraphe à une partition minimaliste dans une forêt représentée par une canopée, faite de filins de différentes textures. Dans le fond, on entend comme un battement de coeur: le créateur sonore cherche le tempo.
Le chorégraphe discute ensuite avec le scénographe et costumier, les acteurs attendent. «C’est informel, mais beaucoup de choses se disent dans ces moments-là», chuchote le co-metteur en scène. De leur côté, les techniciens ont été libérés à 19h00 parce qu’ils étaient sur le pont depuis le matin.
Plus haut dans la salle, l’ingénieur du son est concentré. Sa table, qui ploie sous les ordinateurs et d’autres engins, enjambe les rangées de sièges du public. La petitesse du lieu explique cet arrangement.
«C’est en train de se construire»
«C’est en train de se construire», souffle Michel Toman, assis dans la salle presque noire à côté de Sophie Gardaz. Pour expliquer l’obscurité ambiante, le co-metteur en scène souffle: «c’est une lumière de travail».

Deux mois plus tôt fin novembre, la création de la pièce n’en était qu’à ses balbutiements. Dans une salle de répétition à Lausanne, Sophie Gardaz et Michel Toman sont hilares comme le reste de l’équipe. Les quatre acteurs – Isabelle Bosson, Sara Uslu, Dominique Tille et Frank Arnaudon -, choisis aussi pour leur qualité vocale, jouent différents prologues, tous plus drôles les uns que les autres.
«C’était le tout début, les quatre premières lignes», se rappelle Michel Toman. Depuis, le compositeur a confirmé certaines choses pour ce prologue; on en a viré d’autres, rajouté de nouvelles.»
«Le patron, c’est le public»
A deux semaines de la Première, les co-metteurs en scène sont-ils sereins ? «C’est une inquiétude calme», répond Michel Toman, car même si nous sommes satisfaits, nous savons que le patron, c’est le public».
«Avec le théâtre, on fait le pari qu’en parlant d’une singularité, on puisse parler à tout le monde», intervient Sophie Gardaz.
C’est la troisième fois que Michel Toman participe à la création d’un spectacle jeune public: «cela ne change rien et cela change tout. Il y a des farces que l’on amplifie. On se demande jusqu’où les enfants peuvent aller dans l’abstraction.»
Cela le sort-il d’une éventuelle zone de confort ? Non car ce qu’il aime, «c’est raconter des histoires, des drames pétris d’humour, ou de l’humour cerné de drames, comme un moteur à deux temps».
Elle se retrouve seule dans la forêt
«Et là dans ce spectacle, il y a de cela: dans un même moment, l’Infante est confortée dans l’amour de ses parents et l’instant d’après, elle se retrouve seule dans la forêt.»
«Seule dans ma peau d’âne, c’est l’histoire d’une fille qui grandit et cherche seule à tenir droit dans ses bottes. C’est une histoire lumineuse sans prince», ajoute Sophie Gardaz en paraphrasant l’auteure.
«D’abord, il y eut un roi, d’abord il y eut une reine, il y eut de l’amour et bien vite une enfant... Cette pièce, qui commence avec ces mots, a été jouée plus de 200 fois en France et en Italie.
Sophie Gardaz n’a pas regardé la captation du spectacle d’Estelle Savasta. Elle a voulu éviter d’être influencée en laissant libre cours à son imaginaire. Pari gagné? A découvrir au Petit Théâtre du 2 février au 20 février, puis au Théâtre Benno Besson à Yverdon le 23 mars.
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