Le Point d'eau de Lausanne est victime de son succès
Avec plus de 100 prestations par jour, le centre permet aux plus démunis de se laver et d'avoir accès à des soins à bon prix. Reportage
C'est un local de 250m2 où la moindre surface est intelligemment occupée. D'abord la buanderie, avec ses sept machines aux noms évocateurs (Manille, Caracas, Nuuk), puis les douches: trois pour les hommes, une pour les femmes. Il y a également trois pièces pour les soins, un cabinet dentaire et un petit local faisant office de salon de coiffure. Situé à l'avenue de Morges, le Point d'Eau de Lausanne offre depuis 1999 une multitude de prestations aux plus démunis: migrants, SDF, requérants, mais aussi des travailleurs à petits revenus ou des étudiants. «Avec la crise européenne, nous sommes passés de 18 500 prestations par année à plus de 30'000, explique François Chéraz, le directeur. En 2009, nous avons dû réorganiser les locaux et adopter un règlement un peu plus strict.» Ainsi, chaque bénéficiaire ne peut faire qu'une machine à laver par jour. Le temps sous la douche est fixé à vingt minutes.
Une fois la prestation terminée, chacun est prié de rentrer chez lui. «En hiver, certaines personnes viennent pour se retrouver au chaud avec des amis. Malheureusement, nous n'avons pas la place suffisante pour les laisser passer l'après-midi ici», explique Dylan Thones, civiliste au Point d'Eau depuis huit mois. Le jeune homme hèle les personnes assises dans le hall pour savoir si elles ont déjà pris leur douche ou fait leur machine. Il réveille ceux qui se sont assoupis, cachés derrière le capuchon de leur veste.
Certains s'impatientent car leur tour pour une machine tarde à venir. «Que ce soit pour la douche ou pour l'utilisation de la buanderie, nous leur donnons un ticket avec une heure de passage. Ils doivent revenir à l'heure inscrite», précise Catherine Ingold, réceptionniste. Petits énervements ou tentatives de tricherie sont inévitables.
Cet après-midi-là, Africains, Roms et Sud-Américains défilent entre la douche et la buanderie. Angelo, 69 ans est Suisse. Il dort depuis un mois dans sa voiture. C'est un passant qui lui a appris l'existence du Point d'Eau. «J'ai tout perdu et mon AVS ne me permet pas de grandes folies.» Les soins de santé se font sur rendez-vous, même si quelques plages horaires sont prévues pour les urgences. «Les patients qui viennent ici pour la première fois sont parfois tendus, car certains n'ont pas de papiers et ont peur d'être dénoncés, explique Isabel Sangra, infirmière. La prise de contact, la mise en confiance prend du temps.» Autre difficulté: la barrière de la langue. «J'ai soigné un Kosovar l'autre jour qui ne parlait pas français et la traduction m'a été assurée au téléphone par une personne qui savait à peine quelques mots de notre langue», se souvient Graciela Mayer, hygiéniste dentaire. Mike n'a pas de souci linguistique. Ce Lausannois de 27 ans attend patiemment sa consultation. «Je n'ai plus d'assurance-maladie, elle m'a été résiliée car je ne la payais pas régulièrement. J'ai une rage de dents depuis quelques jours, je suis venu aujourd'hui car je n'avais pas les sous avant.»
Prix modiques
La consultation chez l'infirmière est gratuite, les autres prestations sont payantes, mais les tarifs sont bas: 5 francs pour voir un médecin, 20 pour un détartrage, 5 pour une séance de massage ou d'ostéopathie.
«Un grand nombre de personnes qui viennent ici font des travaux lourds et pénibles, les massages ne sont pas un luxe. Certains vivent totalement coupés de la société et se faire masser représente un bienfait physique et psychique énorme», conclut François Chéraz.
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