Le port du voile à l'école provoque un clash entre l'UDC et Darbellay
Le conseiller d'État PDC propose une solution trop peu restrictive aux yeux de l'UDC. Qui promet de saisir le Tribunal fédéral.

Le torchon brûle entre l'UDC du Valais romand et Christophe Darbellay. Le Service valaisan de l'enseignement, placé sous l'autorité du conseiller d'État PDC, vient de rendre un rapport très attendu sur le port du voile islamique, que l'UDC cherche à bannir des écoles du canton. «Il s'était engagé à prévoir les modalités d'interdiction, mais il n'a pas tenu sa promesse, assène le conseiller national UDC Jean-Luc Addor. C'est de l'enfumage pur et simple.»
La bisbille remonte à 2014. Le Grand Conseil valaisan rejette de peu une intervention de Jean-Luc Addor, alors député, visant à interdire le port de tout couvre-chef à l'école. Le texte cible implicitement le voile islamique, ce que confirme l'UDC en lançant l'année suivante une initiative populaire formulant la même exigence. Appelé à statuer sur ce thème délicat en décembre 2017, le parlement cantonal déclare l'initiative irrecevable, car contraire au droit fédéral.
De son côté, le PDC fait passer en 2015 une motion demandant «une solution pragmatique» à la question du voile à l'école. Ses auteurs jugent inacceptable que cette pratique «compromette l'intégration de l'enfant ou que ce symbole soit utilisé à des fins de provocation, de prosélytisme ou de propagande». Ils veulent une base légale permettant aux directions d'école de prendre des mesures dans ces cas particuliers. Mesures allant, «en dernier ressort», jusqu'à une interdiction.
«Mesures pragmatiques»
C'est en réponse à ces deux démarches que le Service de l'enseignement a livré ses recommandations. Il suggère au Conseil d'État de procéder rapidement par un arrêté ou une directive, dans l'attente d'une modification législative à plus long terme. «C'est ce que nous allons faire», annonce Christophe Darbellay. Il réfute les accusations de laxisme et de «capitulation» proférées par l'UDC. «C'est de l'électoralisme bas de gamme», lâche l'ancien président du PDC suisse.
Dans les grandes lignes, le rapport préconise «des mesures pragmatiques et négociées, prenant en compte la diversité culturelle et religieuse à l'école dans les limites de la protection des droits fondamentaux de tous les élèves». Le port d'un symbole ou d'un habit religieux ne pourrait être restreint «que pour des raisons de sécurité». Il ne doit pas faire obstacle à la communication entre élèves et enseignants. Aucune dissimulation du visage ne sera autorisée. Par ailleurs, quelles que soient ses croyances, l'élève portant le voile devra suivre tous les cours inscrits à la grille horaire, toute dispense étant exclue pour ce motif. «Les écoliers continueront à participer aux fêtes scolaires organisées à Noël, pendant le carnaval ou à Pâques. Et les crucifix resteront dans les salles de classe», ajoute, non sans ironie, Christophe Darbellay.
Locaux de prière
L'UDC n'en fustige pas moins l'attitude du conseiller d'État. «Il tombe dans le piège classique consistant à ne considérer le voile que comme un signe religieux, alors qu'il est surtout un signe politique», accuse Jean-Luc Addor. Le politicien s'étrangle en lisant dans le document que l'État envisage la mise à disposition de locaux de prière, «en vertu de l'égalité de traitement». En effet, certains établissements disposent d'une chapelle. «À quand des mosquées dans nos écoles?» Ce à quoi le magistrat PDC répond aussi sereinement que possible: «C'est un droit fondamental de croire à ce que l'on veut. Si un élève souhaite profiter d'un peu de calme pendant le ramadan, où est le problème?»
Il en faudra cependant davantage pour apaiser l'UDC, bien décidée à poursuivre son combat. Le parti va recourir au Tribunal fédéral pour tenter de faire reconnaître la validité de son initiative «Pour des élèves tête nue dans les écoles publiques valaisannes». «Nous le devons aux 4329 citoyens qui l'ont signée», souligne Jean-Luc Addor. Le conseiller national ne se démonte pas quand on lui fait remarquer que moins de dix élèves sont aujourd'hui concernés en Valais: «Les politiciens ne sont pas élus juste pour éteindre les incendies quand ils surviennent, mais pour les empêcher.»
L'exemple saint-gallois
Jusqu'ici, les juges de Mon-Repos ne sont jamais entrés en matière sur une interdiction du voile à l'école. Ils ont notamment balayé en 2015 un règlement édicté par la Commune saint-galloise de Sankt Margrethen. Motif invoqué: une telle restriction doit répondre à un intérêt public et être proportionnée. «Ce sera au législateur de faire en sorte que le texte final respecte la Constitution, estime Jean-Luc Addor. Quant à la notion d'intérêt public, elle signifie à mes yeux que nous sommes ici chez nous et que nos règles doivent s'appliquer.»
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