Le choc inflationniste provoque partout des réflexions et des propositions visant à maintenir le pouvoir d’achat. Même si la Suisse est dans une situation plutôt enviable (des prévisions autour de 2,8% d’inflation pour l’année), les revendications fleurissent de tous les bords politiques: diminution des taxes sur les carburants et les combustibles, baisse de la TVA, rabais sur la taxe automobile, distribution aux ménages d’un «chèque fédéral» voire de bons d’achat.
Le conseiller fédéral en charge de l’Économie a pour sa part invité les partenaires sociaux à jouer leur rôle et à négocier des hausses de salaire. L’approche de M. Parmelin a surpris certains mais elle est la bonne.
«La facture de l’inflation, encore limitée chez nous, provoque une surenchère de propositions plus ou moins insolites.»
Ses déclarations rappellent que souvent, au sein même des conventions collectives de travail (CCT), il existe des mécanismes contraignant les parties à discuter dès que l’indice du coût de la vie varie de façon substantielle. Même en l’absence de dispositif obligatoire, les syndicats ne craignent d’ailleurs pas d’interpeller les chefs d’entreprise et de revendiquer des hausses de salaire. Il se passe alors entre partenaires sociaux ce qui se produit aussi dans les entreprises qui ne sont pas couvertes par des CCT: les discussions s’engagent.
Du côté des représentants patronaux, on observe que certains secteurs peinent à sortir de la période Covid; d’autres performent de façon extraordinaire. Dans toutes les entreprises, on subit aussi l’inflation, à laquelle s’ajoutent des pénuries et des retards de toutes sortes. Le prix des céréales a doublé, celui du courant est multiplié par quatre, le coût de la logistique a parfois sextuplé; on est bloqué par des livraisons de papier, de semi-conducteurs, de pneus qui n’arrivent pas.
En même temps que les marges sont sous pression, les entreprises sont confrontées à un marché du travail à l’offre abondante. La pénurie de personnel est prononcée dans plusieurs secteurs, le chômage au plus bas. Les salaires vont ainsi augmenter sous la pression du marché. À quoi s’ajoute la volonté des dirigeants – ce doit en être une! – de porter une attention particulière à la revalorisation des salaires nominaux les plus modestes.
Inflation et pénuries
Voici donc, brossée à larges traits, la situation dans laquelle se trouvent les entreprises et les partenaires sociaux. Ce n’est pas exactement celle que l’on observe dans les contrées où l’inflation tourne autour des 10%, où les salaires les plus bas sont misérables, voire où les augmentations de coûts et les pénuries menacent de déboucher sur des émeutes de la faim.
Dans ce contexte, les surenchères politiques alimentant le réflexe d’un recours à l’État laissent songeur, celui-ci n’ayant pas pour fonction de pallier tous les soubresauts et les risques, somme toute ordinaires, qui peuvent se présenter dans la vie.
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L’invité – Le pouvoir d’achat, objet de toutes les attentions
Christophe Reymond s’étonne de certaines réactions face à l’inflation et au risque de pénurie.