Braquage au Mont-sur-LausanneLe procès des attaques de convoyeurs de fonds s’ouvre mardi
Le Tribunal d’arrondissement de Lausanne auditionnera un participant du braquage survenu en juin 2019. L’homme est actuellement détenu à Orbe.

La justice vaudoise se penche pour la première fois, dès mardi à Lausanne, sur l’une des attaques de convoyeurs de fonds qui avaient essaimé dans le canton entre 2017 et 2019. Un homme est jugé pour avoir participé au braquage d’un fourgon au Mont-sur-Lausanne.
Les malfrats avaient immobilisé les convoyeurs en percutant leurs véhicules avec des camionnettes volées. Ils les avaient ensuite violentés et menacés avec des fusils d’assaut. Une fois le fourgon forcé, ils s’étaient emparés d’un butin estimé entre 20 et 25 millions de francs (et qui n’a toujours pas été retrouvé). Avant de prendre la fuite, ils avaient bouté le feu à divers véhicules, causant un important incendie.
Arrêté dans un hôpital d’Alicante
L’homme jugé à Lausanne a été grièvement blessé par un retour de flammes. Il s’est d’abord replié dans l’appartement d’un complice à Epalinges, avant de regagner la France puis l’Espagne. Son parcours s’est achevé dans l’unité des grands brûlés à l’hôpital d’Alicante, où il a été arrêté une dizaine de jours plus tard.
Les enquêteurs ont notamment pu le localiser grâce à des traces ADN et des écoutes téléphoniques, explique Christian Buffat, le procureur en charge du dossier, contacté par Keystone-ATS.
Au sein du commando, l’accusé a notamment été chargé de fabriquer des «clés pirates» pour faire démarrer les véhicules volés qui devaient bloquer les convoyeurs. Il avait aussi été recruté comme chauffeur.
Un simple «exécutant»
Même s’il n’est pas le cerveau de l’opération, le prévenu doit être considéré comme l’un des co-auteurs de l’attaque, souligne Christian Buffat. Il doit ainsi «prendre à son compte tout ce que les autres ont fait», ajoute le procureur vaudois.
L’avocat du prévenu, Nicola Meier, estime en revanche qu’il faut distinguer les rôles au sein de la bande. Son client reconnaît sa participation au braquage, mais il n’a été qu’un «exécutant». Il n’a, par ailleurs, été embrigadé que durant les jours qui ont précédé l’attaque, à la suite du désistement d’une personne, ajoute l’avocat.
Nicola Meier demandera aussi aux juges de prendre en considération que le prévenu a été gravement blessé. «Il subit déjà son châtiment avec des séquelles qui resteront à vie», relève-t-il.
Seul procès en Suisse
D’autres participants au braquage du Mont, ainsi que des complices, ont été arrêtés en novembre 2020 lors d’un coup de filet de la police dans la région lyonnaise. Reste que certains assaillants courent toujours. «Ce sont peut-être trois, quatre voire cinq personnes qui n’ont pas été identifiées», indique Christian Buffat.
Contrairement à l’homme jugé à Lausanne, les autres malfrats passeront devant des tribunaux français. Le déroulement de l’enquête et le fait que la France n’extrade pas ses ressortissants expliquent pourquoi un seul prévenu comparaît en Suisse.
Dans le cas de cet Algérien qui a agi en Suisse et a été arrêté en Espagne, «il n’y avait aucune raison qu’il soit jugé en France», note le procureur.
Attaques en série
Pour mémoire, plusieurs attaques semblables de convoyeurs de fonds se sont produites en terre vaudoise, déjà au Mont-sur-Lausanne (avril 2018) mais aussi à Daillens (décembre 2019), La Sarraz (août 2019), Chavornay (février 2018) ou encore Nyon (mai 2017).
Plusieurs personnes ont été arrêtées depuis. Six personnes auraient notamment dû comparaître en novembre dernier à Lyon, en lien avec l’attaque de Nyon. Mais le procès a été reporté à juin en raison du Covid-19.
Nouvelle loi
Quant aux attaques, elles ont cessé depuis que le Conseil d’État a édicté fin 2019 un arrêté urgent. Selon la nouvelle loi vaudoise, désormais entrée en vigueur, le transport de sommes importantes doit s’effectuer avec des véhicules lourds (plus de 3,5 tonnes), munis d’un blindage et équipés d’un dispositif rendant sans valeur le contenu en cas d’effraction.
De plus, le transport se fait dorénavant uniquement de jour (5h-22h) et la valeur transportée est plafonnée à 12 millions de francs en billets de banque. La loi exige aussi au moins deux équipiers par véhicule, chauffeur compris.
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