Transition énergétiqueLe projet éolien du Mollendruz ira au Tribunal fédéral
Le plus important projet éolien vaudois à ce jour, qui prévoit douze hélices sur cette crête jurassienne, essuie un recours de la part des opposants.

«Nos arguments ont été balayés avec une rapidité déconcertante. Les biotopes d’importance nationale, l’avifaune et le paysage de cet endroit méritent un examen attentif», souligne François Turrian, directeur romand d’Aspo Birdlife.
Plusieurs ONG (BirdLife Suisse, la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage FP, Helvetia Nostra et Pro Natura, soutenues par Paysage Libre Vaud et SOS Jura) ont annoncé vendredi déposer un recours au Tribunal fédéral contre le plan d’affectation du parc éolien du Mollendruz. Pour ces opposants, le projet de douze hélices dominant la plaine vaudoise, le plus grand parc du canton à ce jour, est «l’un des plus dommageables» au niveau suisse.
Pour rappel, le projet, porté par EWZ, la Ville d’Yverdon et les villages riverains, avait bien failli trébucher en 2018, quand le Conseil général de La Praz avait refusé le parc pour une poignée de voix. Un nouveau scrutin avait été convoqué. Les opposants font depuis de ce parc une question de principe et un exemple de la politique éolienne qu’ils jugent «antidémocratique».
Le recours et surtout la jurisprudence fédérale promettent d’être déterminants pour la question éolienne en général. Les juges devront se positionner sur les critères à prendre en compte en matière de protection du paysage. En 2014, le Tribunal avait retoqué le projet du Schwyberg (FR) parce qu’affectant un cadre naturel rare et protégé par des labels. C’était toutefois avant la Stratégie énergétique 2050 et l’importance accordée à l’énergie renouvelable par le parlement.
Les ONG s’inquiètent en outre de la survie de plusieurs espèces menacées, comme le grand tétras, la bécasse des bois et l’alouette lulu. En première instance, le Tribunal cantonal avait jugé les mesures de compensation, prévues par le promoteur, compatibles avec la préservation de l’espèce.
Porteurs de projets confiants
À la tête du Service des énergies de la Ville d’Yverdon, le municipal Pierre Dessemontet (PS) se veut serein. «Le Tribunal cantonal s’est déjà prononcé sur le sérieux du parc, notamment sur ses études d’impact et la validité des mesures de compensation. Nous sommes confiants pour la suite de la procédure. C’est un projet visible, certes, mais qui amène aussi une énergie durable dans une perspective locale. Et ça, aujourd’hui, ce sont aussi des éléments qu’il s’agit de prendre en compte.»
Énergie naturelle Mollendruz SA prévoit une production de 60 à 70 GWh par année, avec douze hélices hautes de 150 m au moyeu. Ce serait 5 à 15% des objectifs du Canton de Vaud, qui a lancé récemment la première génération de son plan climat.
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