La reprise de Credit Suisse par UBS pour 3 milliards réalisée ce dimanche démontre une fois de plus à quel point la confiance est l’élément central de toute relation de nature économique. Dans le monde de la finance, sur le marché international des crédits, il existe même – à vrai dire très naturellement - une sensibilité exacerbée à cet égard. Lorsque la confiance disparaît, difficile de la faire ressurgir. Et dans le cas de Credit Suisse, impossible tout simplement: la confiance se mérite, se nourrissant entre autres de la réputation que l’on s’est acquise.
«La confiance se mérite et elle se nourrit de la réputation que l’on s’est acquise.»
Il incombe à la direction d’une entreprise de créer la confiance – j’entends par direction aussi son conseil d’administration. Lorsque, depuis des années, on accumule les scandales financiers, les revers de gestion, les tergiversations stratégiques, les incongruités managériales (rappelez-vous les filatures entre «collègues»), les manquements aux règles prudentielles et de gouvernance, on signe la faillite de sa gestion.
La valse des directeurs, des présidents et des administrateurs au fil du temps en constitue aussi un témoignage, d’autant plus amer que ces personnages s’estiment suffisamment importants pour se faire octroyer des rémunérations somptueuses. Le plus important des gâchis de cette affaire est donc celui qui renvoie à la fonction patronale.
Dégât d’image pour la place Suisse
Le deuxième résulte du tort causé à la place économique de notre pays. Du point de vue réputationnel, le monde bancaire suisse subit une humiliation de plus, montrant s’il en était besoin qu’il évolue dans un environnement compétitif impitoyable. Pour nos entreprises, la perspective d’avoir un grand acteur de moins lorsqu’il s’agit de solliciter des financements ne constitue pas non plus un atout. Sans compter que cet acteur avait la réputation justifiée d’être innovant autant qu’entreprenant.
Le troisième gâchis est de nature sociale ou, pour mieux dire, humaine. Depuis dimanche soir, 40’000 collaborateurs de Credit Suisse, dont 17’000 en Suisse, ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. Tous ne perdront pas leur emploi, bien entendu, mais on n’ose imaginer leur état de motivation ces jours dans leurs bureaux. Du côté des employés d’UBS par ailleurs, il doit aussi régner un fort sentiment d’insécurité, tant on sait les difficultés et les défis qu’entraînent toutes les fusions de sociétés.
Le dernier gâchis à évoquer est financier. Les actionnaires de Credit Suisse ont assisté à la liquidation aux soldes de l’entreprise dont ils étaient propriétaires et dont tout donne à penser qu’elle était solvable et remplissait les exigences réglementaires en matière de fonds propres. Pour les investisseurs, la perte se chiffre en milliards. À cet égard, le système capitaliste… a fonctionné. Eux aussi ont (presque) tout perdu.
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