Musiques choralesLe rendez-vous sacré des pleines lunes
Pâques est lié à l’équinoxe du printemps, prétexte à une création de Jérôme Berney, et un mois de festivités chorales.

En cette année 2022, la pleine lune de mars aura lieu le vendredi 18, juste deux jours avant l’équinoxe de printemps, ce qui repousse la fête de Pâques au dimanche suivant la première pleine lune du printemps, celle du 16 avril. Toujours est-il que c’est durant ce mois lunaire que se concentreront la plupart des concerts de musique sacrée présentés par les chorales de la région (lire encadré). Les festivités démarrent en beauté ce dimanche 20 mars avec deux concerts quasi simultanés par le Chœur de la Cité et par l’Ensemble Vocal de Lausanne présentant chacun une œuvre en création.
«Lune/lune pleine/tombeau ouvert/lune/lune pleine/pierre roulée». Ainsi s’ouvre «Équinoxe», le nouvel oratorio de Jérôme Berney sur un beau texte d’Alain Rochat. L’œuvre est présentée en création par le Chœur de la Cité à La Tour-de-Peilz ce dimanche 20 mars à l’heure exacte de l’équinoxe, soit à 16 h 33, puis lors du dimanche de Pâques 17 avril à Lausanne et le lundi de Pâques à Neuchâtel.
«J’aime ce mélange de récit biblique et printanier qui ouvre à l’universalité.»
Le compositeur et le poète vaudois avaient déjà collaboré autour des «Litanies des villes meurtries» en 2018 et Alain Rochat avait fait part de son envie de se focaliser sur la fête de Pâques qui lui est chère, mais en en relevant aussi les racines païennes liées à l’arrivée du printemps. «J’aime ce mélange de récit biblique et printanier qui ouvre à l’universalité, confie le compositeur de la Fête des Vignerons 2019. J’avais déjà écrit deux œuvres chorales autour de Pâques, le «Blue Stabat Mater» et «Mater Dolorosa» qui étaient centrées sur les souffrances et la mort. J’avais bien envie d’aller vers quelque chose de plus joyeux, vers la lumière et la résurrection.»
L’autre axe d’exploration de Jérôme Berney a été la musique orientale, en phase avec le goût d’ailleurs et de métissages cher au compositeur de «Reine Pokou»: «C’est aussi une manière de retour aux sources, puisque l’histoire de Jésus se situe en Orient. L’envie de retrouver cette tradition se matérialise par des mélodies inspirées de chants libanais maronites, par la présence du oud et de la chanteuse albanaise Elina Duni.»

Requiems revisités
La création assurée par l’EVL tente un autre retour aux sources. Inspiré par les premières mesures du «Requiem» de Victoria (1605), le compositeur argentin Pablo Ortiz en a imaginé une relecture déformée. «Victoria Redux» proposera d’entendre l’original, suivi, en fondu enchaîné, de la pièce d’Ortiz. À la tête de l’Ensemble Vocal de Lausanne et de l’Orchestre Musique des Lumières, Facundo Agudin y voit une sorte d’«équivalent sonore à la série des portraits du pape Innocent X «empoisonnés» par Francis Bacon à partir d’un tableau de Vélasquez». Cette anamorphose singulière offrira une mise en condition pour le «Requiem» d’Alfred Schnittke, l’un des plus étonnants du XXe siècle.
Schnittke et Ortiz
Lausanne, St-François, di 20 mars (17 h)
www.evl.ch
Berney
La Tour-de-Peilz, Temple, di 20 mars (16 h 33)
Lausanne, St-François, di 17 avril (17 h)
Neuchâtel, Collégiale, lu 18 (17 h)
choeur-de-la-cite.ch
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