Encore grisées par ce bain de foule, restons lucides. On n’a pas revécu ce lundi la déferlante féministe de 2019, qui avait barbouillé le pays de fuchsia et porté haut les revendications d’un demi-million de femmes en colère. Les élues de droite, par exemple, ont préféré cette fois-ci les réseaux sociaux aux pavés. Mais tout de même, la rue a vibré. Joyeusement ici, furieusement là, avec force musique, banderoles, rengaines et quelques traits d’humour.
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Le patriarcat a passé un mauvais quart d’heure. Piétiné, à Lausanne comme à Berne, Zurich ou Genève, par plusieurs milliers de semelles – jeunes pour la plupart, et plates, bien entendu, car les militantes n’ont «pas besoin de talons pour être à la hauteur», n’est-ce pas?
Alors oui, gageons que ce lundi caniculaire restera dans un petit coin de notre mémoire. Sans doute pas comme une grande page d’histoire, mais au moins comme un paragraphe à surligner en rose fluo. La lutte pour l’égalité – cette belle endormie éclipsée par la pandémie – est sortie intacte des mâchoires de l’étau sanitaire, avec une vigueur assez bluffante de la part d’une convalescente.
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Après la piteuse édition 2020 covido-impactée, la mobilisation est remontée d’un cran, presque à la hauteur des sujets qui fâchent. Et ils sont nombreux. À commencer par l’âge de la retraite des femmes, relevé à 65 ans la semaine dernière par le Conseil national, alors que les retraitées actuelles toucheraient déjà des rentes inférieures d’un tiers à celles des hommes.
Autre grand cheval de bataille, l’égalité salariale, toujours pas réalisée quarante ans après son inscription dans la Constitution, trente ans après la première Grève des femmes. Symboliquement, l’heure à laquelle les Suissesses cessent d’être rémunérées par rapport à leurs collègues masculins a sonné cinq minutes plus tôt ce lundi, l’écart s’étant encore creusé durant la crise du coronavirus.
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Et si on passait par les urnes pour en finir avec cette situation lassante? Les Jurassiens ont ouvert la voie dimanche en acceptant massivement l’initiative populaire qui permettra de sanctionner le non-respect de l’égalité salariale. Relevons ce gant et agissons maintenant au niveau fédéral!
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Éditorial – Grève des femmes – Le réveil salutaire de la belle endormie
Après une édition 2020 covido-impactée, la Grève féministe a remobilisé les foules ce lundi 14 juin autour des (nombreux) sujets qui fâchent.