Le RI étudié en 23 portraits et histoires de vie
La photographe Ghislaine Heger sort un livre et une expo sur l'aide sociale. Un engagement d'artiste, mais aussi citoyen et politique.
Ghislaine Heger y est arrivée. L'an dernier, elle confiait à 24 heures son projet de faire un livre et de monter une expo de photos à partir de témoignages de bénéficiaires de l'aide sociale (24 heures du 16 avril 2016). Il a fallu frapper aux portes, trouver des gens et les convaincre de témoigner. Au bout de deux ans et demi, le travail est achevé, qui s'intitule Itinéraires entrecoupés.
Vingt-trois personnes ont dit oui, malgré leurs réticences. Il en ressort 23 portraits photographiques, exposés jusqu'au 22 avril au Forum de l'Hôtel de Ville de Lausanne, et un beau livre où sont contées, dans une seconde partie, les histoires de 23 bénéficiaires, sans que le lecteur puisse savoir qui est qui. Des textes de personnalités romandes engagées complètent les récits.
Une réalité
Pour avoir elle-même été «au social» pendant quelques mois en 2008, l'artiste tenait à ouvrir les yeux de la société vaudoise sur cette réalité. Le régime social du Revenu d'insertion (RI) peut concerner un jour ou l'autre n'importe quel citoyen.
«C'est un sujet, dit-elle, dont il ne faut pas parler dans ce pays où la qualité de vie est exceptionnelle.» Pourtant, rien que dans le canton de Vaud, plus de 26 000 personnes ont touché le RI en 2016.
Détruire les préjugés
Ghislaine Heger parle de la honte ressentie par les bénéficiaires et tente de détruire les préjugés. Son livre démarre avec des citations glanées sur Internet qui stigmatisent tout un système: «Il y a beaucoup de gens qui restent aux aides sociales parce qu'ils gagnent plus que s'ils allaient travailler», ou encore «Il y a des familles au social qui roulent en Mercedes», etc.
Le travail a été soutenu par l'Etat de Vaud et sept communes (Lausanne, Yverdon, Morges, Renens, Gland, Montreux et Vevey), ainsi que par la Loterie Romande, la Fondation Göhner et la Migros. L'artiste ne cherche pas à dénoncer un système et tient à «casser le misérabilisme»: «Je pars du principe que nous avons de la chance d'avoir de l'aide sociale. Ce n'est pas le cas dans tous les pays.»
Lionel, Jimmy, Carlos, Evelyne et les autres, qu'ils soient bénéficiaires ou anciens bénéficiaires, ont ainsi raconté leur histoire avant de poser devant l'objectif. Chaque parcours est unique et les origines sociales s'avèrent très variées. La plupart sont Suisses, alors que leur représentation réelle n'est que de 42% sur l'année 2016. «J'ai été surprise, constate la photographe, que davantage de Suisses soient d'accord de témoigner. Cela reflète peut-être un besoin de s'affirmer face à son pays, face aux préceptes inculqués dès l'enfance sur la valeur du travail.»
L'exposition ne restera pas à Lausanne très longtemps. Elle part ensuite à Genève, avant de revenir sur Vaud. Elle terminera sa «tournée» en janvier 2018.
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Itinéraires entrecoupés
Les dates d'exposition et les portraits peuvent être découverts sur www.itineraires-entrecoupes.ch
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