Chaos au stade de FranceLe Sénat pointe les «défaillances» des autorités
Le président de la commission culture du Sénat Laurent Lafon a estimé mercredi que les incidents sont dus à un «enchaînement de dysfonctionnements».

Les sénateurs français ont pointé du doigt mercredi les «défaillances» des autorités lors de la finale de la Ligue des champions, au Stade de France, qui a viré au chaos fin mai, un «échec» imputable aux «décisions» des autorités locales, et non aux supporteurs de Liverpool.
«Ce n’est pas parce qu’il y avait des supporteurs de Liverpool qui ont accompagné leur équipe que ça s’est mal passé», a assuré Laurent Lafon, le président de la commission culture du Sénat, la chambre haute du parlement français, lors de la présentation à la presse d’un rapport d’information sur le fiasco sécuritaire du match Real Madrid-Liverpool le 28 mai.
Dès la fin de la rencontre, le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin avait fait porter l’essentiel de la responsabilité des incidents sur «30’000 à 40’000 supporters anglais» qui, avait-il affirmé, s’étaient présentés au stade «sans billet ou avec des billets falsifiés».
Il avait qualifié de «mal racine» cette présence massive, selon lui, de faux-billets. Pressé par les critiques, il avait fini par présenter des «excuses» aux supporters et admis, fin juin, une part de responsabilité» dans les ratés de la soirée.
«L’analyse faite» par le ministre Darmanin, «n’était pas la bonne», a dénoncé Laurent Lafon (centriste). Elle était «partielle et imprécise».
Laurent Lafon et le président de la commission des Lois François-Noël Buffet (LR, droite), qui ont présenté les conclusions du rapport, ont à l’inverse pointé les «défaillances» des autorités lors de ce fiasco.
L’une des principales associations de supporters de Liverpool, Spirit of Shankly, a réagi à ce rapport en se félicitant du «message clair de soutien (envoyé) aux supporteurs qui ont assisté à ce match», tout en exigeant que «le gouvernement français présente ses excuses et une rétraction totale à propos des mensonges diffusés depuis le 28 mai 2022».
Un «échec» de la préfecture de police
L’événement – entre le Real Madrid et Liverpool – qui devait être une vitrine à un peu plus d’un an de la Coupe du monde de rugby et avant les Jeux olympiques d’été dans deux ans, a viré au cauchemar.
Spectateurs sans billet escaladant les grilles du stade, d’autres munis de tickets mais ne pouvant y entrer, familles aspergées de gaz lacrymogènes par la police ou vols et agressions : ces scènes qui ont fait le tour du monde sont dues à un «enchaînement de dysfonctionnements» et des «défaillances» aussi bien «dans l’exécution» que dans la «préparation» de l’événement, a encore dénoncé Laurent Lafon.
«Chacun était dans son couloir sans qu’il y ait une véritable coordination», a relevé le sénateur. «Cet échec tient aux décisions prises par la préfecture de police de Paris», a critiqué François-Noël Buffet. Les rapporteurs ont notamment souligné le manque d’adaptation pour gérer les flux de spectateurs.
Gestion de la billetterie
Ils soulignent aussi la responsabilité de l’UEFA, l’accusant d’une «gestion de la billetterie inadaptée», et reprochent notamment à l’instance de ne pas avoir prévu de «dispositif particulier» pour identifier les faux billets, alors que leur nombre a été «dix fois supérieur aux moyennes observées».
Le rapport sénatorial préconise une quinzaine de mesures dont celle «d’imposer aux opérateurs» de conserver les images de vidéosurveillance «pendant la durée légale d'un mois» ou encore de «rendre obligatoire le recours à des billets infalsifiables».
Pour Laurent Lafon, si «la gestion de la billetterie a été inadaptée», elle «ne peut en aucun cas être considérée comme la cause unique ou comme la cause des incidents».
Ils demandent aussi au ministère de l’Intérieur de «définir une doctrine d’emploi du gaz lacrymogène», qui «prévienne l’exposition de personnes ne présentant pas un danger immédiat».
AFP
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