Les arts vivants sur la touche«Le sentiment d’incompréhension est de plus en plus fort»
Les salles de spectacle ne rouvriront pas en mars. Après s’être mobilisés, les acteurs culturels affichent leur déception.

Le milieu des arts vivants attendait les annonces du Conseil fédéral avec fébrilité. Si certaines institutions scéniques avaient déjà décidé de maintenir leur rideau baissé en mars, d’autres gardaient espoir de pouvoir accueillir leur public. Dans des jauges restreintes, certes, et en respectant scrupuleusement les plans de protection. «La déception est énorme, beaucoup de personnes s’attendaient à un assouplissement», réagit Anne Papilloud, secrétaire générale du Syndicat suisse romand du spectacle (SSRS).
«J’avais encore un petit espoir, je voulais y croire.»
Le coup est dur pour les Printemps de Sévelin, qui devaient éclore du 2 au 20 mars à Lausanne. «J’avais encore un petit espoir, je voulais y croire, confie Philippe Saire, directeur de Sévelin 36. Nous attendons la consultation des Cantons avant de prendre une décision formelle. Mais c’est triste, nous avons tout fait pour que le festival puisse avoir lieu.» Le chorégraphe rappelle que, l’an dernier, les Printemps avaient dû baisser le rideau après trois jours. Les créations seront sans doute présentées aux professionnels et reprogrammées dans le fil de l’année.
Soutiens financiers
Malgré leurs mobilisations, notamment leur action coup-de-poing de samedi dans plusieurs villes de Suisse romande sous le slogan «No culture no future», les milieux culturels ont le sentiment de ne pas être entendus. «Il n’existe toujours pas de base scientifique qui permette d’affirmer qu’il est plus dangereux de se rassembler dans une salle de spectacle ou de cinéma que dans les grands magasins, souligne Anne Papilloud. Le sentiment d’incompréhension est de plus en plus fort. C’est usant.» Philippe Saire est un peu plus nuancé: «Je n’aurais pas compris que les restaurants rouvrent mais pas les théâtres. Je pense que j’accepte un peu mieux la situation car j’ai l’impression que les décisions sont davantage liées à la situation épidémique qu’à des considérations économiques.»
Anne Papilloud déplore également les carences en termes de soutiens. «Le Conseil fédéral n’a pas entendu ce que martèle la Taskforce nationale, à savoir de dire d’emblée que tous les moyens financiers seront mis en œuvre pour aider les personnes touchées par les restrictions, insiste la secrétaire générale du SSRS. Certes, la Confédération a augmenté les montants pour les cas de rigueur, mais cela reste insuffisant.»
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