Les statuts de la Loterie Romande stipulent que le sport reçoit 15% des bénéfices annuels et les autres buts d’utilité publique (culture, patrimoine, social, santé, etc.) 85%.
Cette répartition pose plusieurs problèmes. D’abord, elle prétérite clairement le sport romand par rapport au sport outre-Sarine. En effet, chaque Canton alémanique peut décider la part des bénéfices annuels de Swisslos qu’il entend attribuer au sport. Résultat: ils réservent entre 15% et 35% au sport (BE 35%, TI 34%, ZH et GR 30%), avec une moyenne de 28%, soit près du double que les cantons romands.
«On pourrait s’attendre à ce que le sport profite en priorité des retombées de ce qu’il engendre.»
Sport élite? Notre proportion de sportifs sélectionnés aux Jeux olympiques est inférieure à notre poids démographique. Sport populaire? La fréquence, la durée et l’intensité d’activité physique hebdomadaire moyenne sont inférieures en Suisse romande par rapport à la Suisse alémanique. On ne peut s’empêcher d’y voir un lien avec le fait que la promotion du sport bénéficie de dizaines de millions de francs de moins de notre côté de la Sarine. Passer à une dotation de 28% pour le sport ferait gagner plus de 20 millions au sport romand.
Autre point problématique, voire carrément incompréhensible: cette proportion de 15% pour le sport s’applique à tous les jeux de la Loterie Romande, y compris les paris sportifs. En d’autres termes, les efforts, les activités et les budgets des acteurs sportifs permettent de financer des compétitions qui engendrent des paris… dont les bénéfices sont versés en grande partie à la culture, à la santé ou au patrimoine! On pourrait à tout le moins s’attendre à ce que le sport profite en priorité des retombées de ce qu’il engendre.
Selon mon calcul, si la répartition des bénéfices sur les paris sportifs était inversée (85% pour le sport, 15% pour les autres buts d’utilité publique), le sport vaudois serait doté de 4 à 5 millions de plus chaque année et le sport romand de 10 à 12 millions. Quand on sait que le Canton de Vaud verse 2 millions de francs de subventions, on se rend compte de l’importance de ces montants supplémentaires éventuels!
Du changement
Et c’est pour ça que des députés de tous les parlements cantonaux romands ont déposé un texte conjoint: pour que ça change. On ne peut pas dire et lire à longueur de journée que le sport est bon pour la santé, bon pour la tête, pour l’intégration, bon pour la cohésion sociale et ne rien changer lorsqu’une incohérence, voire une injustice évidente qui prétérite le sport, saute aux yeux. Nous attendons désormais que les gouvernements cantonaux agissent rapidement pour modifier les statuts de la Loterie Romande.
Et je ne doute pas que l’immense majorité des 7000 personnes engagées dans les comités et des 180’000 membres des clubs sportifs vaudois ainsi que les 23’602 signataires de l’initiative populaire «Pour une politique sportive vaudoise ambitieuse» qui sera soumise au vote en 2024 ou 2025 sont du même avis.
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L’invité – Le sport, parent pauvre de la Loterie Romande
Le système de répartition n’est pas le même qu’outre-Sarine. Pourquoi c’est un problème.