«Le tai-chi n'est pas de la gym pour aînés»
Fanny Wang revient des championnats du monde avec deux médailles d'argent pour la Suisse. Et une passion plus forte que jamais pour ce sport.

Pour résumer l'essence même du tai-chi («taiji» pour les puristes), Fanny Wang cite Bruce Lee: «Chez l'artiste en taiji, derrière chacun de ses gestes, on doit entendre la musique de son âme.» Cet ancien art martial aux multiples déclinaisons, fondé sur l'introspection, une meilleure connaissance de soi et une parfaite maîtrise de son corps, n'en reste pas moins une activité physique exigeante, avant d'être une activité populaire de mise en train du matin au contact de la nature. «C'est même un sport», ajoute l'habitante de Châtel-Saint-Denis (FR).
Les deux médailles ramenées début octobre des championnats du monde de Burgas, en Bulgarie, sont là pour en attester. La Châteloise les a certes obtenues en catégorie «démonstration», un cran en dessous des cadors mondiaux, mais elles s'ajoutent aux deux obtenues aux championnats d'Europe ce printemps parmi les grands et aux deux autres sur le plan national en 2017 (avec et sans épée). Toutes d'argent.
La grue et le cheval
Pour se convaincre du degré d'exigence de la discipline, il suffit de la regarder enchaîner quelques mouvements parmi les incontournables: la grue blanche qui déploie ses ailes ou le cheval sauvage qui secoue sa crinière. Un mélange de gestes amples et poétiques (évoquant aussi les ondulations du serpent de la légende originelle du tai-chi), d'explosivité dans les sauts et d'assise lorsqu'il s'agit de maintenir sans broncher des postures jambe tendue ou en équilibre sur un pied. Un cauchemar pour les moins souples et agiles! «Le taiji est un peu trop souvent catalogué comme une gym pour plus de 60 ans. C'est au contraire très exigeant sur le plan musculaire, articulaire et de la concentration».
Sans surprise, les champions de la discipline viennent tous d'Asie. «En Chine, c'est quelque chose de culturel. Les meilleurs ont commencé à 5-6 ans et s'y astreignent plusieurs heures par jour. Et ailleurs dans le monde, ils sont régulièrement issus de l'immigration asiatique.»
Fanny Wang est elle-même originaire de Corée, même si elle fut adoptée en Suisse à l'âge de 1 an. Et parle couramment le chinois, la langue de son mari. «J'ai fait un séjour de trois mois dans sa ville d'origine où j'ai pu échanger sur le taiji. J'ai aussi suivi trois mois de cours à l'université sportive de Pékin. Je me suis initiée à la discipline avec une prof de Lausanne et quelques stages avec des maîtres chinois en visite en Suisse. J'ai eu le déclic avec mon maître actuel, il y a trois ans, Rong Jun, entraîneur de l'équipe suisse.»
Elle débute en compétition en 2017: «Moins pour la gloriole que pour m'évaluer. Cela me sert aussi de vitrine: j'aspire à diminuer mon activité de physiothérapeute pour me consacrer davantage à donner des cours». Ces derniers sont actuellement au nombre de trois par semaine, deux à Châtel-Saint-Denis et un à Vevey. C'est du reste sur la Riviera que cette mère de deux enfants entend développer un projet auquel elle travaille d'arrache-pied: des cours de taiji en entreprises pour cadres trop stressés.
Son autre ambition demeure de booster la discipline en Suisse romande. D'où l'Association romande de taiji, qu'elle a fondée en 2016 et qu'elle préside: «Nous en sommes au début. Le taiji est mal développé chez nous, contrairement à la Suisse alémanique, qui compte de gros clubs et des maîtres chinois».
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