Le Tessin servi, occupons-nous de la Suisse maintenant
L'élection d'Ignazio Cassis ne doit pas se résumer au symbole de la satisfaction tessinoise. Il faut empoigner les dossiers brûlants qui concernent la Suisse.
Nette et sans bavure, l'élection au deuxième tour déjà d'Ignazio Cassis a confirmé ce que l'on avait pressenti à l'instant même de l'annonce de la démission de Didier Burkhalter. C'était l'heure du Tessin. Pour de nombreuses raisons, y compris des plus politiciennes. A l'absence conjoncturelle de la Suisse italophone au gouvernement depuis presque une génération, s'étaient ajoutés ces dernières années les signes d'un malaise plus sournois, une sorte de plainte, mélange d'incompréhension, de protestation et de victimisation, qui plaçaient le Tessin en porte-à-faux de la politique fédérale. La nette acceptation par les Tessinois de l'initiative "Contre l'immigration de masse", le 9 février 2014, en avait été la manifestation la plus visible.
Chef de groupe du PLR, routinier du parlement, esprit indépendant et souple, Ignazio Cassis avait les cartes en mains pour incarner ce retour tant attendu. La gauche s'est émue de ses accointances trop aiguës avec un groupe d'assureurs maladie, ces utiles repoussoirs. Le favori n'a pas bronché. Annoncer qu'il renonçait à sa nationalité italienne d'origine fut, à notre sens, son seul faux pas.
La clarté de son triomphe renvoie les deux candidats romands à la légitimité de leur ambition. Fallait-il vraiment contester ce moment tessinois? Oui, sans doute, ne serait-ce que parce qu'une élection n'est pas une cooptation. Mais si Pierre Maudet a pu faire valoir une vision et une méthode, prenant date pour de futures tentatives, Isabelle Moret a manqué de souffle. Enfermée dans la question féminine alors qu'elle disait vouloir l'éviter, elle n'a réussi à convaincre ni de la pertinence de sa proposition, ni de la nécessité d'un deuxième représentant vaudois au gouvernement.
Le Tessin est donc servi. L'italianité regagne le sommet de la politique suisse, tant mieux pour la cohésion nationale. Maintenant, occupons-nous de la Suisse, et des dossiers chauds où le Conseil fédéral doit faire preuve de leadership et de détermination.
La fiscalité: sept mois après le refus populaire de la réforme de l'imposition des entreprises, le gouvernement a mis en consultation une mouture déjà contestée. Le débat qui s'ouvre risque de proroger un flou dommageable pour la compétitivité de la place économique suisse.
Les assurances sociales: quel que soit le résultat des urnes dimanche sur les retraites, la nécessité de réformer s'imposera comme une permanence. La pression croissante des coûts de la santé va replacer une refonte du système au cœur des préoccupations.
Et, urgence absolue, les relations avec l'Union européenne: la voie bilatérale classique est dans une impasse, et le gouvernement cherche toujours sa voie face à la contradiction d'une politique migratoire maîtrisée, exprimée par une majorité du peuple, et de la libre circulation des personnes, garante d'un accès au marché européen. Sur ce point, l'élection d'Ignazio Cassis peut être un atout. A lui, qui devrait se voir confier vendredi les Affaires étrangères, de relever un défi qui concrétiserait, bien davantage que le symbole, la plus-value d'un conseiller fédéral tessinois.
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