Le véritable casque des Gaulois dévoilé aux Vaudois
Trouvé au Mormont, l'objet peut changer l'image de la guerre des Gaules. A voir à Lausanne du 28 au 30 avril.
Vous avez en tête le fameux casque joyeusement ailé d'Astérix? Vous pouvez l'oublier. Du 28 au 30 avril, après des mois de délicate restauration, le Musée cantonal d'archéologie et d'histoire (MCAH) exposera à Rumine le véritable casque porté autrefois par nos ancêtres chevelus. Pas de plumes, mais une splendide calotte de bronze, finement travaillée sur la protection de la nuque, et dotée d'orifices pour les attaches jugulaires.
Cette découverte, très rare, n'avait pas été annoncée à ce jour. Chez les spécialistes, elle promet de changer la donne, et même un peu l'image de la guerre des Gaules. Jusqu'à encore récemment, ce couvre-chef était attribué aux légionnaires de César, participant aux décors des batailles d'Alésia ou de Gergovie. «On a longtemps pensé que ce type de casque était celui de certaines troupes romaines, explique Lionel Pernet, directeur du musée de Rumine et auteur de plusieurs articles sur le sujet. Maintenant, on a une preuve de plus de leur conception et de leur utilisation par les Gaulois.» Comme quoi, la science évolue. Car dans ce débat, le lieu de la découverte amène souvent plus d'informations que l'objet en soi. Or, à ce jour, l'essentiel de ces trouvailles est ancien, ou hors de sites archéologiques. «Ici, on a un contexte qui n'est clairement pas romain», sourit le spécialiste.
Site d'importants rituels
Ce contexte, c'est le Mormont, à Eclépens. Ce site, unique en Europe et fouillé au fur et à mesure que la carrière grignote l'emblématique colline vaudoise, fut visiblement le cadre de nombreux rituels vers l'an 100 av. J.-C. Des Gaulois y ont creusé plus de 300 fosses, dans lesquelles ils ont pieusement déposé des meules, des trésors d'orfèvrerie, ce fameux casque – l'une des rares armures retrouvées sur le site, visiblement alors réutilisé comme récipient –, des objets de prestige, leurs meilleures bêtes et même quelques-uns de leurs semblables.
En somme, la trace de sacrifices importants, consécutifs au moins à un véritable événement qui a dû traumatiser tout le plateau romand plus de deux mille ans avant notre ère. Mais dans tous les cas, pas la moindre trace d'un légionnaire ou de son équipement. Ce casque est donc bel et bien celui de tribus gauloises.
«On est à une période où l'armement de tradition celtique se simplifie. On cherche l'efficacité, reprend le spécialiste. Mais ce type de casque reste très rare, peu de combattants en étaient équipés.» Il s'agit d'un casque dit de type Coolus, du nom d'un village de la Marne. Selon les dernières recherches, une vingtaine de casques ont été retrouvés à ce jour dans toute l'Europe, et ce toutes variantes confondues. «Il sera ensuite amélioré, et encore porté durant la guerre des Gaules, poursuite Lionel Pernet. Alors plutôt par des auxiliaires gaulois engagés par les Romains.»
Ce précieux vestige sera exposé au public du 28 au 30 avril, en même temps que plusieurs objets tout juste sortis des laboratoires à l'occasion des 2es Journées vaudoises d'archéologie et de numismatique. «Il y aura un ensemble retrouvé à l'angle d'un des dépôts de Vidy, un entrepôt commercial fouillé l'an dernier, détaille Sébastien Freudiger de l'entreprise spécialisée Archeodunum, en charge de la plupart des recherches de terrain. On imagine qu'il s'agit d'un dépôt de fondation, c'est très intéressant.»
Ce n'est pas tout. Les fouilleurs et les restaurateurs en profitent pour présenter ce que le sous-sol vaudois a livré lors de fouilles récentes, peu ou pas communiquées: d'émouvantes lampes à huile, retrouvées dans la nécropole du gymnase de Nyon, une délicate boucle de ceinture exhumée des tombes du haut Moyen Age de Mollens, un site clunisien à peine connu.
Lettre ouverte
Cette journée de sensibilisation au patrimoine archéologique vaudois a lieu alors qu'une lettre ouverte lancée par d'anciens pontes du milieu circule dans le public. Ils tirent la sonnette d'alarme sur les moyens à disposition des professionnels et sur la gestion du patrimoine par son département de tutelle. Les organisateurs des Journées d'archéologie 2017 ne voient pas de lien direct. «C'est un travail de fond qui est prévu depuis longtemps. Montrer les coulisses du métier, montrer notre travail et ce qu'on fait des deniers de l'Etat, c'est une nécessité, répond Nicole Pousaz, archéologue cantonale. C'est un message politique au sens large.»
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