Campagne électoraleLe voile intégral divise le Canada avant les législatives
Le port du niqab empoisonne la campagne électorale au Canada, à un peu plus de trois semaines des législatives.

En promettant la semaine dernière de légiférer afin d'obliger les candidates à la citoyenneté canadienne de prêter serment la tête nue, le premier ministre conservateur sortant Stephen Harper a trouvé un angle d'attaque contre ses adversaires partisans, à des degrés divers, de laisser aux femmes la liberté de porter le niqab.
Dans un débat réunissant jeudi soir pour la première fois les cinq grands leaders politiques, Stephen Harper a trouvé un allié de circonstance avec Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois (indépendantiste). Pour «une question d'égalité entre hommes et femmes», Gilles Duceppe a défendu l'interdiction du voile intégral non seulement pour la prestation de serment à la citoyenneté canadienne, mais aussi pour le vote ou l'accueil dans les administrations.
«C'est un faux débat»
Curieusement, la seule femme sur le plateau n'a pas cherché à défendre le droit des femmes, thème qu'elle martèle pourtant depuis le lancement de sa campagne début août. Au contraire, Elizabeth May, chef du parti Vert, a été la plus prompte à évacuer la question.
«C'est un faux débat», a-t-elle lancé. «Quel est l'impact du niqab sur l'économie? Quel est l'impact du niqab sur les changements climatiques? Quel est l'impact du niqab pour les chômeurs? C'est une distraction pour éviter les débats sur les vrais défis», a lancé Mme May à l'adresse du conservateur Harper.
Thomas Mulcair, chef du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), lui a emboîté le pas en jugeant que le voile intégral est «une arme de distraction massive» du Premier ministre sortant pour «tenter de cacher son bilan derrière le niqab».
Gêné depuis plusieurs jours sur ce port du voile intégral, le chef du NPD a été attaqué de front par Stephen Harper.
«Jamais je ne vais dire à ma jeune fille qu'une femme devrait se couvrir le visage parce qu'elle est une femme», a lancé M. Harper.
«Attaquez l'oppresseur si vous croyez qu'il y a oppression», lui a répondu M. Mulcair en rappelant sa position de maintenir «la règle existante qui prévoit qu'une femme doit se dévoiler avant de pouvoir prêter serment» afin de vérifier son identité. Elle peut au moment du serment remettre son voile.
«Quand on se joint à la famille canadienne, on ne devrait pas cacher son identité (...) c'est la raison pour laquelle les nouveaux citoyens doivent prêter serment à visage découvert», a plaidé le Premier ministre sortant.
Majorité contre le port du niqab
Le chef du parti libéral (centre) Justin Trudeau a vite changé de sujet en estimant que «si un homme ne peut pas imposer sa volonté sur la manière dont s'habille sa femme» alors ce n'est pas à l'«Etat de déterminer comment une femme doit s'habiller».
Dans un récent sondage, 82% des Canadiens ont manifesté leur opposition au port du niqab pendant ces cérémonies de citoyenneté, une part qui grimpe au Québec à 9 personnes sur 10, la province francophone où le NPD doit remporter le plus de sièges pour espérer devenir le premier parti à la Chambre des députés et former le prochain gouvernement.
Distancé dans les intentions de vote depuis le début de la campagne, les conservateurs ont regagné des couleurs depuis mi-septembre avec à la fois la crise des migrants syriens en Méditerranée et le voile intégral lors de la prestation de serment.
Dans la moyenne hebdomadaire des sondages publiée jeudi, le parti conservateur pointait en tête des intentions de vote avec 31%, devant les libéraux (30,2%) et le NPD (28,7%). Le parti vert est crédité de 4,6% des intentions de vote selon cette moyenne et le Bloc québécois de 4,3%.
AFP
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