Dans un courrier adressé à tous les ménages vaudois en ce début d’année 2022, l’Établissement cantonal d’assurance contre l’incendie et les éléments naturels (ECA) annonce: «L’année écoulée s’est déroulée sous des auspices contrastés pour l’ECA. Si les événements météorologiques qui ont marqué notre canton l’an dernier ont été à l’origine d’une sinistralité élevée, les placements financiers ont pour leur part affiché de très bonnes performances.»
Stupéfait, je me suis demandé si l’ECA était pompier pyromane ou souffrait simplement de dissonance cognitive. En effet, s’il est vrai que les investissements financiers, et nous parlons ici de plusieurs centaines de millions de francs, contribuent à la crise climatique, ma consternation est fondée. Or, c’est bien cette vérité qui semble échapper à l’institution: selon un rapport sorti la semaine dernière, les banques suisses investissent encore massivement dans le charbon.
«Une forme de dissonance cognitive, représentative des institutions dans leur ensemble.»
Mais ne blâmons pas pour autant l’établissement vaudois, son directeur est sincère quand il dit: «Si l’on en croit la communauté scientifique, les catastrophes naturelles que nous avons vécues l’été dernier en Suisse et dans le monde ne constituent qu’un aperçu de ce qui nous attend: avec la hausse des températures globales sur la planète, les événements naturels sont appelés à devenir plus fréquents et plus extrêmes.»
Je penche donc plus pour une forme de dissonance cognitive, représentative des institutions dans leur ensemble, dont l’ECA n’est que l’exemple le plus illustratif. Comment ne pas être interloqué lorsque la justice reconnaît le dérèglement climatique comme un fait notoire et condamne des médecins, comme Valérie D’Acremont et Blaise Genton, qui nous alertent d’un danger vital et imminent? Comment expliquer l’immense travail de communication des gouvernements cantonaux et fédéraux à propos de la pandémie du Covid-19 et la quasi-absence de celui-ci autour de la catastrophe climatique, pourtant largement documentée?
Le savoir et les actes
Je pense que l’une des explications réside dans la théorie de la dissonance cognitive. Il s’agit d’une contradiction entre les connaissances et les actes, provoquant un inconfort. Celui-ci se résout alors en changeant, non pas les actes, mais les pensées. Nous le faisons toutes et tous, moi le premier. Lorsque j’emprunte la voiture de ma femme (ce qui est très rare quand même), je rationalise mon acte en me disant que de toute façon, cela ne représente rien en comparaison avec l’impact des banques suisses. Mais une telle attitude ne mène nulle part, car il faut bien commencer quelque part pour nous sauver de cet incendie climatique.
L’important est de prendre conscience de notre dissonance cognitive et de corriger, non plus nos pensées, mais nos actes. Alors quand notre maison brûle, cessons de trouver de bonnes excuses: agissons pour la vie et éteignons-la ensemble.
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L’invité – L’ECA joue-t-il avec le feu?
Micaël Metry se demande pourquoi il existe une telle contradiction entre les connaissances et les actions de grandes institutions.