9,8 millions par Lausanne, 48 millions au Grand Conseil, plusieurs millions dans d’autres communes: il ne s’agit pas du tirage de la loterie, mais des sommes investies ces derniers jours par les collectivités publiques pour rattraper le retard pris en matière d’éducation numérique dans notre canton.
En effet, si ces montants donnent le vertige, ils ne serviront malheureusement qu’à combler un manque de vision stratégique des précédentes législatures cantonales. Devant ce déficit d’investissements, certaines Communes ont pris les devants en équipant leurs classes, notamment de tableaux interactifs et de réseaux dignes de ce nom. Force est de constater que la capitale n’a volontairement pas emboîté le pas de ces communes pilotes. Rien d’étonnant à cela quand on voit dans quel état de délabrement sont certaines écoles
lausannoises.
«Le budget 2023 a été raboté au nom de la protection des jeunes enfants face aux écrans.»
C’est tout de même affligeant de constater que dans une Ville qui se dit «de gauche», on n’investit pas dans la qualité des infrastructures scolaires et dans du matériel permettant à tous les élèves, peu importe leur situation sociale, d’appréhender les défis du XXIe siècle. En effet, au moment du vote sur le budget 2023 au Conseil communal, ce dernier a été raboté au nom de la protection des jeunes enfants face aux écrans.
Bien entendu, les écrans et le numérique en général ne sont pas à prendre à la légère et des garde-fous doivent être instaurés. Le Canton s’y est enfin attelé en formant les enseignant·e·s, ainsi qu’en laissant du temps dans les grilles horaires et sur certaines disciplines pour que les élèves puissent être sensibilisés aux dangers, prendre du recul vis-à-vis des informations, ainsi que de développer leurs compétences en programmation et en emploi des outils numériques. Des activités «débranchées» sont même prévues – de quoi rassurer les plus
sceptiques.
Fracture numérique
Sur les bords de la Limmat, où les élèves sont équipés d’un ordinateur portable dès l’âge de 9 ans, l’évolution du numérique amène une variété pédagogique. Cependant, les livres, cahiers et stylos n’ont pas pour autant disparu. En effet, selon les projets réalisés en classe, le seul ordinateur n’est pas toujours pertinent et les élèves ont toujours besoin de manipuler des objets et d’écrire à la main.
Par contre, la gestion de la fermeture des écoles et des élèves en quarantaine lors des années de pandémie a été moins problématique que de ce côté-ci de la Sarine où il a fallu compter sur les équipements des familles – renforçant ainsi la fracture numérique.
De façon générale, l’école devrait davantage suivre et s’adapter aux évolutions de la société. Permettre aux élèves d’appréhender le numérique en fait partie, afin qu’ils puissent comprendre le monde dans lequel ils vont vivre, ainsi que renforcer les compétences nécessaires au monde professionnel.
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L’invité – L’école du futur? Pas encore à Lausanne!
Olivier Bolomey déplore les réticences des élus lausannois à investir dans le numérique en classe.