Opération spécialeLes adeptes du Tupp’ désormais bienvenus dans les restos
Après Nyon et Renens, l’opération Lunch Attitude prend une dimension cantonale. Les campagnes adhèrent, les villes moins.

«Parfois, les clients apportent des énormes assiettes pour avoir plus à manger!» Certains ont beau essayer, on ne la fait pas à Nicolas Lemasson, le patron de l’Auberge de Mézières. L’établissement qu’il dirige avec sa compagne depuis 2019 fait partie de l’opération Lunch Attitude.
Lancée l’année dernière à Nyon et Renens, cette promotion du sans-plastique à midi a été élargie mardi à tout le canton.
Succès local
Lancée depuis Pully, la campagne cantonale de Responsables.ch est notamment soutenue par GastroVaud, qui a encouragé tous ses membres à se joindre au mouvement. Celui-ci comprend désormais une quarantaine de take-away, dont, logiquement, une majorité à Nyon et Renens.
Du côté de Lausanne, on en trouve seulement deux, alors que d’autres villes vaudoises ne figurent pas sur la liste. «L’opération fonctionne beaucoup mieux dans les zones rurales», confie Coryne Eckert, chargée de communication pour GastroVaud.
«L’un des aspects qui refroidit le plus les restaurateurs, c’est celui de l’hygiène.»
On trouve ainsi des restaurants partenaires à Sainte-Croix ou Palézieux, mais pas à Yverdon-les-Bains ou à Montreux, par exemple. À Mézières, cette démarche a été une évidence pour les tenanciers de l’auberge.
«Dès le départ, les clients venaient eux-mêmes avec leur contenant», explique Nicolas Lemasson, qui a d’emblée trouvé logique de faire plaisir à ceux qui voulaient manger un repas préparé à l’extérieur, ou «dire que ce sont eux qui l’ont préparé», sourit cet adepte de la boutade. Il n’est en effet pas rare que des clients apportent leur assiette en guise de contenant.
Penser portions
Du point de vue pratique, il suffit de penser portions. «Nous pesons toujours le poisson avant de le cuire», image Nicolas Lemasson. Ce midi, la suggestion du jour est justement composée de filets de féra avec légumes et riz. Pour le reste, un curry peut par exemple être servi, au sens propre, «à la louche». Inutile, donc, de venir avec des Tupperware géants pour glaner des aliments en plus.

«L’un des aspects qui refroidit le plus les restaurateurs, c’est celui de l’hygiène», explique Alexandra Dutoit, chargée de projets à Responsables.ch. Une solution: «Passer un coup de pschitt pschitt pour désinfecter les contenants.»
Les citadins seraient d’ailleurs un peu plus frileux dans ce domaine que les ruraux. Ils seraient aussi un peu moins arrangeants… La coordinatrice cite le cas de sa mère qui s’est fait remballer dans un établissement d’une ville en demandant d’emporter les restes de son repas. «C’est mon restaurant, mes produits, vous n’emporterez pas cela», lui aurait dit le patron des lieux.
Un travail sur la durée
Il reste donc du chemin à faire, malgré des habitudes qui ont sensiblement changé durant la pandémie. C’est justement en constatant la façon dont les poubelles publiques se remplissaient dramatiquement, alors que les restaurants étaient fermés, que la Lunch Attitude s’est révélée nécessaire.
En parallèle de plusieurs actions visant à gérer les déchets, l’action s’inscrit dans le plan cantonal de gestion des déchets. Avec un budget «de plus de 100’000 fr. depuis son lancement», la campagne est financée en partie par l’État. Le reste est à la charge des communes.
Des villes comme Vevey, Gland ou Crissier soutiennent directement l’action et se chargeront d’informer la population. Une campagne d’affichage sera notamment visible sur les bus et dans les trains. Responsables.ch compte également sur le dialogue qui va devoir s’instaurer avec les restaurateurs et les clients. «Il faut vingt et un jours pour qu’une habitude prenne place, explique Alexandra Dutoit. C’est une action qui se fera sur la longueur».
Tous les lieux participant à la Lunch Attitude figurent sur le site https://www.responsables.ch/lunch-attitude.
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