Les auteurs romands se réinventent en ligne
Les initiatives fleurissent pour maintenir le lien: histoires à écouter, feuilletons à lire, atelier d'écriture ou concours de haïkus. Aperçu.

S'agissant des écrivains, l'image qui revient le plus souvent est celle du créateur isolé dans sa tour d'ivoire. Depuis quelques années pourtant, les auteurs développent de plus en plus de projets d'écriture collective, ou visant à porter leurs textes dans la sphère publique. Ainsi, à l'heure du repli chez soi, diverses initiatives ont naturellement éclot en ligne. Si la Genevoise Mélanie Chappuis propose la lecture de son dernier livre «Exils», tout juste sorti chez Bsn Press, sur sa page Facebook, d'autres ont choisi des démarches plus participatives. Le Vaudois Alain Freudiger, qui a sorti il y a peu «Le mauvais génie: une vie de Matti Nykänen» (Ed. La Baconnière), a choisi de lancer le podcast DéCAMERA.
En référence au «Décaméron» de Boccace, le contenu audio propose une histoire par jour. Le thème est libre, chaque récit doit juste faire référence à celui de la veille. «J'ai voulu créer du lien, faire une sorte de chaîne au moment où on est coupés les uns des autres. Je tenais à la forme orale car en cette période, nous utilisons énormément les écrans. De plus, la narration possède un tel pouvoir d'évocation que l'image risque de l'aplatir. J'ai commencé à contacter des écrivains que je connaissais le samedi 14 mars et ça s'est mis en place de manière plutôt organique.» Et le public est au rendez-vous, avec 2000 écoutes en une semaine. La diversité des histoires permet «une sorte de variété précieuse peut-être plus difficile à tenir avec un journal de confinement.»
Des idées qui en amènent d'autres
Chaîne de textes, mais aussi d'idées. Invité à participer au podcast d'Alain Freudiger, Mathias Howald a ensuite eu un déclic: pourquoi ne pas poursuivre sur Instagram l'activité d'écrivain public qu'il conduit depuis quelques années avec le collectif Caractères mobiles? Le Vaudois évoque «une pratique idéale pour entrer en relation avec l'autre, une petite action poétique contre la solitude.»
Chaîne thématique également, avec par exemple le feuilleton littéraire «La couronne boréale», écrit par Adrien Bürki depuis le 15 mars, ou la lecture intégrale des «Contes des mille et une nuits», proposée par La Maison éclose à 21h05 sur Facebook, après les applaudissements pour les soignants.
Atelier d'écriture géant
Chaîne d'écriture cette fois, avec «En attendant, écrivons…», défi lancé par une plume différente chaque soir, sous l'impulsion de Matthieu Corpataux, directeur du Salon du livre romand à Fribourg. Les participants peuvent poster le résultat sur Facebook ou le garder pour eux. Là aussi, la formule a fait mouche: «J'ai lancé ce projet parce que l'écriture et la lecture sont parmi les moyens les plus forts pour créer du lien culturel, artistique et donc social, et pour soutenir les écrivains romands. La page a largement dépassé les 300 textes en dix jours, avec des auteurs de tous horizons et de tous niveaux, des confirmés aux débutants.» Il relève que plusieurs enseignants l'utilisent pour leurs élèves.
Une manière de promouvoir l'écrit, mais aussi les auteurs d'ici: «Les débutants vont-ils se mettre à lire tel ou tel écrivain parce qu'ils auront aimé leur contrainte ou leur texte? Ou s'inscrire à des cours d'écriture, ou encore assister à des lectures par la suite. Ce serait génial.»
Indispensable poésie
Le Printemps de la poésie, qui devait débuter le 21 mars dans toute la Suisse romande, a prolongé sa programmation jusqu'au 4 août. «Lorsque la vague sera passée, les gens auront besoin de poésie, et c'est déjà le cas. Dans les moments les plus sombres de l'histoire, beaucoup de poésie a surgi, sous forme de méditation, de déploration, parfois de célébration. C'est une manière de se sentir dans le temps sans trop se laisser écraser par les fléaux», relève Antonio Rodriguez, instigateur du rendez-vous.
Outre un concours de haïkus lancé sur Twitter, le compte Facebook de la manifestation diffuse les mardis et vendredis une sélection d'œuvres de circonstance intitulée «Poèmes pour la quarantaine», qui a débuté avec Guillaume Apollinaire, mort de la grippe espagnole en 1918.
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