«Les bibliothèques ont un bel avenir»
Frédéric Sardet s'en va à Genève après dix ans de révolutions à la tête des Bibliothèques et Archives de la Ville. Interview.

Voilà dix ans que Frédéric Sardet dirige les Archives et Bibliothèques de Lausanne. Entré dans ce service comme archiviste en 1996, il l'a modernisé et a porté de nombreux projets comme la mise en place d'une politique du livre, l'ouverture de la Bibliothèque de la Sallaz, la collecte de fonds privés ou la mise en ligne d'archives audiovisuelles. Il tire sa révérence le 1er février pour reprendre la direction de la Bibliothèque de Genève après le départ houleux d'Alexandre Vanautgaerden. Réorganiser un service, Frédéric Sardet connaît ça. Interview.
Pourquoi partir à Genève?
Pour plein de raisons, notamment parce que je m'intéresse de longue date à l'histoire de Genève. J'y ai fait mon master en histoire.
Votre prédécesseur à la Bibliothèque de Genève a été mis en cause dans un audit pour sa gestion des rapports de travail. Que savez-vous de cette histoire?
Ce qui a été écrit dans le rapport de la Cour des comptes. Le but – et c'est bien ce qui m'intéresse – est de dépasser ce genre de choses. Quand je suis arrivé à Lausanne, ça n'allait pas fort non plus, côté management. En dix ans, nous avons fait un travail tout à fait honorable avec les moyens à notre disposition. Les choses sont en place, l'équipe fonctionne bien. Je pouvais envisager de partir.
Les bibliothèques lausannoises trouvent-elles encore leur public?
Il n'y a jamais eu de problème de fréquentation ( ndlr: 25 000 «clients» par an ). On a réorganisé et modernisé le service. Le système d'emprunt avec des bornes, par exemple, permet au personnel de s'orienter plus sur l'accueil et le conseil. Nous avons développé les accueils gratuits, près de 300 par an: lectures, animations, rencontres littéraires, ateliers d'écriture… Les gens ont besoin de lieux ouverts dans leur quartier. Les bibliothèques ont de belles années devant elles. Je pense qu'il faut continuer à se déployer dans un rapport de proximité.
La Sallaz mise à part, les locaux sont vieillissants.
Ça pose problème. La Bibliothèque de Chauderon, par exemple, est un lieu tristounet, sombre. À la Sallaz, nous avons enfin pu penser une bibliothèque dans un espace. Elle marche super bien, presque trop. Les équipes peinent. Le projet pilote d'ouverture le dimanche marche aussi très fort.
Où en est le chantier colossal de numérisation des archives?
Le principe est de garder une part de l'activité de l'administration (5000 employés). La bonne part, celle qui doit passer aux générations futures. C'est énorme et c'est croissant, évidemment. D'où l'intérêt de numériser. Nous cherchons un logiciel qui permet souplesse et durabilité. Il faut surtout définir les règles de base pour qu'un objet rentre dans l'indexation. C'est l'humain qui décidera quels documents garder, et combien d'années et dans quelle version. S'agit-il d'une note qui a une haute valeur informative? D'un échange comptable qui n'a pas lieu d'être conservé au-delà des dix ans légaux? Nous sommes en train d'élaborer des modèles intellectuels. Cela dit, le numérique coûte cher, même si ça évite de louer des locaux.
Y a-t-il eu de belles acquisitions récentes du côté des fonds privés?
Nous allons recevoir les archives professionnelles d'André Jobin ( ndlr: dit Job ), scénariste de «Yakari». «Yakari» est né dans la revue romande «Le crapaud à lunettes», dont le rédacteur en chef était Jobin. Je me suis intéressé à l'arrivée de la BD dans ce journal, j'ai téléphoné à Jobin et on a discuté. Il a été convaincu qu'on pouvait préserver ce qui a accompagné la production de son travail. Nous essayons de développer un fonds d'archives d'auteurs de BD: notes de travail, correspondance, contrats… Cela compléterait utilement notre fonds imprimé de BD d'une ampleur et d'une diversité uniques en Suisse.
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