Festival Bach de LausanneLes bienfaits d’une plénitude chorale
Le Concentus Musicus de Vienne et le Chorus Sine Nomine ont illuminé la «Messe en si» de Bach à la cathédrale en conclusion de la manifestation.

Figure légendaire du courant «baroqueux», Nikolaus Harnoncourt (1929-2016) n’a malheureusement pas pu se produire au Festival Bach de Lausanne à la tête de son Concentus Musicus Wien. Mais son successeur, le claveciniste Stefan Gottfried, revient déjà avec l’orchestre autrichien, après une première invitation autour de cantates et du «Magnificat» en 2018.
Vendredi 25 novembre à la cathédrale de Lausanne, le Concentus Musicus était accompagné par le Chorus Sine Nomine de Vienne dans la «Messe en si» de Bach. Fort d’une quarantaine de chanteurs, ce chœur a d’emblée imprimé son assurance, son homogénéité et sa plasticité dans une œuvre longue et très exigeante.
Classicisme revivifié
Dans l’acoustique ouateuse de la cathédrale qui a tendance à arrondir les angles, Stefan Gottfried a su ménager des contrastes frappants: l’éclat du «Cum Sancto Spiritu», le détonant «Et resurrexit» après une séquence très recueillie autour du «Crucifixus»… Soucieux de lisibilité et de fluidité, le chef d’orchestre a soigné l’équilibre entre chœur et orchestre au service d’une plénitude bienfaisante.
On a pu apprécier (et admirer grâce aux écrans) l’excellence des solistes instrumentaux, en particulier l’éloquence de la flûtiste Sieglinde Grössinger, l’expressivité brute du cor de Dániel Pálkövi, le commando pétaradant des trompettes et timbales. Le ténor Daniel Johannsen et l’alto Marie-Claude Chappuis concentrent l’écoute dans des instants d’introspection aux pianissimi sonores.
«On sent vraiment depuis le début du festival que le public a soif de renouer avec la musique vivante!»
«On sent vraiment depuis le début du festival que le public a soif de renouer avec la musique vivante!» L’enthousiasme de Daniel Robellaz, membre de la commission musicale du festival, traduit le bonheur partagé de cette édition 2021 qui a su allier perfection et émotion. La manifestation nous a habitués à des versions superlatives des monuments du compositeur allemand. Mais cette habitude, dont on a été privé l’an dernier, ne s’accompagne d’aucune routine. Plus homogène et peaufinée que la «Messe en si» débridée défendue en 2017 par Leonardo García Alarcón, celle de Stefan Gottfried marque le retour d’un classicisme revivifié.
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