Fil rouge a dix ansLes clowns ont souffert de l’isolement dû au Covid
L’association créée à Sainte-Croix en 2012 aspire à ce que son action soit reconnue comme accompagnement non médicamenteux.

De base, le clown évoque le monde de l’enfance. Qui plus est quand il est question de clowns «d’hôpital». Pourtant, c’est bien vers des adultes en situation de fragilité, dans des établissements hospitaliers, gériatriques et psychogériatriques, que l’association Fil rouge a orienté son action, dès sa naissance à Sainte-Croix en 2012.
Dix ans plus tard, Fil rouge tente de diversifier les lieux de ses interventions – toujours en duo – dont la fréquence a fluctué au gré des années. «Notre progression s’est faite en dents de scie. D’une par semaine, nous sommes passés à un certain moment à trois interventions hebdomadaires», explique Marylène Rouiller, à la fois clown et coordinatrice du projet, aujourd’hui basé à Lausanne.
Le contact mieux que l’écran
Mais la pandémie a tout fichu par terre. «Notre activité étant considérée comme non essentielle, nous n’avons pas pu retourner dans certains homes pendant plus d’une année», explique-t-elle, en marge d’une soirée publique rendue possible grâce au club-service Ambassador Club. Les tentatives de «visite» par écran interposé se sont soldées par autant d’échecs. «Les résidents sont d’une génération qui n’entrevoit pas les écrans comme un outil interactif, soupire-t-elle. Et puis, le numérique ne peut pas suppléer au contact humain.»
Et quand certaines portes se sont rouvertes – beaucoup sont restées closes, questions de budgets – les clowns n’ont pu que constater les dégâts causés par l’isolement forcé. «Les résidents comme le personnel avaient peur qu’on ramène le Covid…»
«Avec les migrants, nous faisons valoir la capacité qu’ont les clowns d’entrer en communication par-delà la barrière de la langue.»
Aujourd’hui, l’association se bat pour que son action soit reconnue comme accompagnement non médicamenteux. Mais elle cherche aussi d’autres lieux où amener légèreté et drôlerie. Fil rouge mène ainsi un projet pilote avec l’Établissement vaudois d’accueil des migrants, à Lausanne. «Nous nous rendons à l’hôtel À la Gare, établissement désaffecté mis à disposition des familles ukrainiennes. Nous y rencontrons des gens frappés par un autre type de fragilité, en faisant valoir cette capacité qu’ont les clowns d’entrer en communication par-delà la barrière de la langue.»
Convaincues que dans guérir, il y a rire, Fil rouge et sa présidente, Tiffany Guggenheim, poursuivent aussi un rêve: pouvoir soutenir les protocoles de chimiothérapie en oncologie.
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