FootballLes confessions intimes de Marcel Koller
Pour son 60e anniversaire, l’ancien entraîneur du FC Bâle se livre à cœur ouvert dans une longue interview à «Blick». Il évoque notamment ses blessures et le départ de ses parents.

Marcel Koller n’est pas le plus connu des hommes de ce côté-ci de la Sarine. Toute sa belle carrière de joueur, le Zurichois l’a passée à Grasshopper (sept titres de champion et cinq Coupes de Suisse). Milieu défensif sobre mais de qualité, il a pourtant accompli un remarquable parcours avec 57 sélections en équipe de Suisse à la clé.
Devenu ensuite entraîneur en 1997, Marcel Koller a très vite beaucoup de succès. Le titre remporté avec le FC Saint-Gall en 2000 reste d’ailleurs à jamais ancré dans tous les esprits. Après être repassé ensuite par son club, GC, il met le cap sur l’Allemagne (Cologne et Bochum) avant de diriger une sélection autrichienne à la peine. Avec laquelle il réussit le petit exploit de se qualifier pour l’Euro 2016.
Sollicité pour coacher l’équipe de Suisse, il décline la proposition par respect pour cette sélection autrichienne avec laquelle il est encore sous contrat. En 2018, il revient enfin en Suisse, au FC Bâle. En août dernier, son contrat n’est pas prolongé.
Deux saisons pénibles à Bâle
«Ces deux saisons ont été l’une des périodes les plus difficiles de ma carrière d’entraîneur. On mériterait une médaille pour ce que l’on a fait et enduré. Entre les exigences et la réalité, l’écart était énorme. Bâle n’est plus le club qu’il était il y a encore quatre ou cinq ans. Maintenant, le calme semble être un peu revenu. Les transferts ont été bons. Celui de Kasami notamment, un joueur que j’avais par deux fois demandé.»
L’ombre d’anciens Bâlois qui ne cessent de donner leur avis ou des conseils plus ou moins pertinents sur la bonne marche du club est un vrai problème pour Marcel Koller. «Un nombre incroyable de personnes à Bâle veulent exercer une influence extérieure. Je savais depuis mon passage à Cologne que beaucoup d'ex-internationaux veulent toujours y laisser leur marque. Tout le monde essaie de trouver un emploi, de faire partie du FCB, de s'exprimer publiquement. Le problème est que chacun ne pense qu'à lui-même, c'est ce qui rend les choses si difficiles. Mais ce furent aussi deux années pendant lesquelles j'ai pu apprendre beaucoup de choses.»
«J’avais 19 ans et je jouais une finale de juniors A, à Sion. Mon genou a craqué, le tendon était sectionné. Je hurlais de douleur et il n'y avait pas de médecin, rien. Le jardinier a cassé deux branches d'un arbre et a réparé ma jambe.»
Depuis son départ de Bâle, Marcel Koller prend du temps pour lui et pour soigner son corps meurtri. «Récemment, je me suis fait une entorse au dos. Et mon genou gauche est déjà très abîmé. Quand je fais une randonnée en montagne, je finis généralement par m'asseoir dans le ruisseau.» Un détail en comparaison de plusieurs autres graves blessures qui ont jalonné son parcours. Notamment ce terrible accident de VTT où les conséquences auraient pu être beaucoup plus sérieuses encore pour lui. «On m'a emmené en fauteuil roulant pour une radiographie, avec une fracture de l'os pubien et une épaule cassée, raconte-t-il. Après la radiographie, le médecin me lance: «Bon sang, ce genou!» Je lui ai dit: «Relax, c'est une vieille histoire. Maintenant, mon épaule me fait mal.»
Un genou qui le tourmente depuis plus de quarante ans. «J’avais 19 ans et je jouais une finale de juniors A, à Sion. Mon genou a craqué, le tendon était sectionné. Je hurlais de douleur et il n'y avait pas de médecin, rien. Le jardinier a cassé deux branches d'un arbre et a réparé ma jambe. Mes parents m’ont assis sur le siège arrière de leur voiture et m’ont emmené à l’hôpital, à Zurich. Depuis, je souffre. Ensuite, je me suis aussi cassé le tibia et le péroné pendant un match Aarau-GC. Je me souviens d'être resté allongé dans le vestiaire et d'avoir gémi comme un chien de chasse pendant toute la durée du match.»
Le décès brutal de son père
Des souffrances qui n’ont pas seulement été physiques pour Marcel Koller. Le décès de son père, si fier de lui et de sa carrière, est encore tout frais dans sa mémoire. «En 1999, mon père a eu une crise cardiaque pendant la nuit, raconte le Zurichois. Et c'était comme s'il l'avait senti. La veille, il a pris ma mère dans ses bras et lui a dit qu'elle avait de la chance de passer un bon moment dans la maison avec tous ses amis. Quand ma mère m'a dit cela plus tard, j'ai eu la chair de poule, c'était presque mystique. Et bien sûr, incroyablement triste.»
Une mère que Marcel Koller a vu disparaître lentement. «À un moment donné, j'ai remarqué qu'elle nous avait demandé quelque chose, nous lui avons répondu et après cinq à dix secondes, elle nous a redemandé la même chose. Nous, c'est-à-dire mes frères et sœurs et moi-même, avons remarqué au fil des mois que quelque chose n'allait pas. Et ça ne s'est pas amélioré. Elle s'est retirée de plus en plus. Il a fallu encore six ou sept ans avant qu'elle ne soit autorisée à partir définitivement. C’était triste.»
Toujours envie d’entraîner
Malgré une dernière expérience pénible à Bâle, Marcel Koller affirme avoir toujours la passion et l’envie de poursuivre sa carrière d’entraîneur. «J’ai encore une énorme envie de continuer mon métier quelques années encore. Peu importe si c’est au sein d’un club ou avec une sélection. Mais de préférence dans un endroit où il y a de la pression. Les résultats sont très importants pour moi. Je veux gagner!»
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