Dans le rétroLes dernières quilles de Léon Gambetta à Clarens
Chef du gouvernement français, le Lotois se rendait annuellement en vacances au château des Crêtes chez son ami Vincent Dubochet. Tous les ans jusqu’à la funeste année 1882…

À Clarens, le souvenir de Léon Gambetta est très présent. Un bâtiment ancien hôtel porte le nom de ce grand homme d’État français, comme le carrefour et la place attenants, l’arrêt de bus ou encore la pharmacie. On peut aussi voir sur la façade un buste sculpté et une plaque commémorative.
Certes, Léon Gambetta (Cahors 1838 – Sèvres 1882) est présent partout sur les boulevards, places, écoles, squares de France, mais pourquoi de manière si prégnante à Clarens? Instigateur de la Troisième République, ministre, président de la Chambre des députés, chef du gouvernement, cet avocat flamboyant et fondateur de journaux aimait venir se reposer des vicissitudes parisiennes sur la Riviera.
Avant de découvrir Clarens et de se lier à la population, Gambetta, pas très regardant sur sa santé, notamment atteint de syphilis, avait dû quand même se soigner. Il le fit notamment en Suisse. En 1869, le trublion pourfendeur de Napoléon III réside à l’Hôtel Byron, à Villeneuve, plus tard à la pension Bon Port (devenu Excelsior) à Montreux. Le politicien se lie alors avec Vincent Dubochet.
Au château des Crêtes
Directeur du gaz parisien, puis promoteur du chemin de fer, ce Montreusien possède une fortune considérable. Il fait construire 21 maisons majestueuses au bord du lac à Clarens, connues aujourd’hui comme «villas Dubochet», et le beau château des Crêtes. C’est ici que réside alors tous les ans Gambetta, en compagnie de son père ou d’amis, le plus souvent en septembre, deux, trois, voire quatre semaines de rang.
«Je salue tous les matins les neiges éternelles. Les Alpes avec le soleil pour cadran sont ma seule horloge.»
Venu seul une fois, il écrit à son paternel: «Je dois encore faire une cure de raisins. Les médecins sont ici d’accord avec les vieilles bonnes femmes pour prophétiser une guérison miraculeuse. Je salue tous les matins les neiges éternelles. Les Alpes avec le soleil pour cadran sont ma seule horloge.» Dans le château, riche de 18 chambres, il aime à jouer au billard. Et encore plus aux quilles. Son plus grand fait d’armes? En avoir abattu quazorze en deux coups.

À l’automne 1882, «Le Gaulois» informe ses lecteurs que Gambetta va passer ses vacances avec son père «à Clarens, l’un des plus jolis villages de Suisse, pays de la plus parfaite neutralisation». Le quotidien parisien annonce, dans les grandes lignes, les principales activités au menu: croisières en bateau jusqu’à Vevey, escapades à Chillon ou à Villeneuve.
Ces vacances seront ses dernières. Rentré à Paris, il se blesse quelques jours plus tard en réparant son pistolet. Une autre thèse affirme que c’est sa maîtresse qui lui a tiré dessus. Gambetta est victime d’une septicémie qui l’emporte le dernier jour de l’année. La France lui offre des obsèques nationales. Le cœur de Gambetta bat au Panthéon.
Sources: «Montreux et ses hôtes illustres», d’Albert Gonthier, journaux de l’époque.
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