Les deux vitesses sous une éolienne
Faire revoter un village sur le même objet? A priori, ça étonne: où va donc la démocratie, le respect des parlements communaux, du vote des sages de la commune et tous les autres poncifs? Et puis on comprend. Après tout, c'est même normal. Que pèsent une dizaine de voix de plus ou de moins face à cette priorité nationale qu'est la transition énergétique, face à la volonté d'élus et de techniciens, forgée par dix ans d'études et même un autre scrutin. Celui pour la sortie du nucléaire, acceptée en novembre 2016 par 57,81% de oui à La Praz, ce village qui a toutefois dit non aux éoliennes du Mollendruz le 18 janvier dernier. Dans cette optique, reprendre le dossier et revoter est d'une logique implacable.
Soit les élus forcent le respect par leur courage, soit ils vont trop loin dans leur volonté de convaincre
Ce que nous sommes en train de faire à nos villages est moins logique. Jusqu'à aujourd'hui, tous les projets éoliens de ce canton ont inscrit en gras sur leurs flyers l'acceptation locale, le soutien populaire ou l'appui d'une région entière. Que vont penser les villages qui attendent encore leurs hélices quand ils verront que, si la ferveur des rues ne souffle pas dans le bon sens, elle s'obtient à coups de séances d'information et de nouveau scrutin?
Il y a deux réponses. Soit les élus forcent le respect par leur courage, soit ils vont trop loin dans leur volonté de convaincre.
Il y a toutefois un risque. C'est que nos hémicycles de campagne soient considérés en deux catégories face à la transition énergétique. Ceux dont la décision est légitime, et les autres. Il y aura ceux qui siègent démocratiquement: les élus des conseils communaux qui lisent leurs dossiers et qui votent juste. Et puis il y aura les autres: les villageois des conseils généraux. Là où il suffit encore de se présenter pour siéger et où les chances sont effectivement plus grandes de voter avec les tripes qu'avec l'argumentaire d'un classeur fédéral. Ce cas de figure n'est pas minoritaire, il regroupe encore la moitié des communes vaudoises et reste considéré par certains comme l'ultime bastion de la démocratie directe.
L'heure d'en débattre est sans doute venue. Ne serait-ce que parce que la transition énergétique ne peut pas se permettre d'avancer à deux vitesses.
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