Les «doggy bags» obligatoires dans les restaurants français
Tout client doit pouvoir emporter les restes, vient de décider l'Assemblée nationale. Faut-il encore convaincre le Sénat.

La France, terre de gastronomie, va-t-elle adopter le «doggy bag»? Dimanche, l'Assemblée nationale a approuvé un amendement à la loi de février 2016 contre le gaspillage alimentaire, qui vise à obliger à l'avenir les restaurateurs à fournir un emballage à tout client souhaitant emporter les restes de son repas. Si le texte est confirmé par le Sénat, il sera imposé à partir du 1er juillet 2021.
«Les restes d'assiette représentent 11% du volume des restes dans la restauration, c'est l'équivalent d'un euro par repas», répète à l'envi la députée Bérangère Abba, auteure de l'amendement et membre du parti présidentiel La République en marche (LREM). Les autres pertes, en effet, se passent plutôt en cuisine. Et si l'on prend en compte tout le parcours, du champ à l'assiette, «le gaspillage alimentaire coûte 16 milliards d'euros par an à l'économie française», note par ailleurs son camarade de parti Matthieu Orphelin, qui fut responsable de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.
Évidemment, il n'est pas question d'obliger les clients à emporter leurs restes. L'obligation faite au restaurateur de fournir le fameux «sac pour le toutou» – que les auteurs de l'amendement ont rebaptisé «gourmet bag» – ne réglera donc pas à elle seule le problème du gaspillage dans l'assiette. Mais elle devrait contribuer à lever les «freins psychologiques» qui empêchent encore les Français d'adopter cette pratique déjà courante dans les pays anglo-saxons ou en Asie, espère Bérangère Abba.
Stop au gâchis en Europe!
Il s'agit là d'une nouvelle étape après l'adoption de la loi du 3 février 2016, qui oblige la grande distribution alimentaire à mettre les invendus à la disposition des organisations caritatives. Résultat: plus de 10 millions de repas ont pu être ainsi partagés, si l'on en croit Arash Derambarsh. Membre du parti Les Républicains (LR) et élu municipal à Courbevoie, cet activiste est à l'origine de la pétition en ligne «Stop au gâchis alimentaire en France», dont les 200 000 signatures avaient mis la pression sur les parlementaires. Depuis, 5000 nouvelles associations caritatives ont vu le jour, en plus des Restos du Cœur, de la Croix-Rouge ou encore des banques alimentaires. Et cette législation française – une première mondiale! – a été copiée par d'autres pays, dont l'Italie.
La pétition en ligne a même inspiré une démarche similaire à l'échelle du continent. «Stop Food Waste in Europe» a ainsi réuni plus d'un million de signatures et Arash Derambarsh dit avoir reçu des assurances à l'Élysée que le président Emmanuel Macron va déposer un projet de directive sur la table du Conseil européen.
Ménages gaspilleurs
Cela changerait-il la pratique en Suisse? La Confédération, jusqu'à présent, a préféré miser sur des initiatives privées que sur des obligations légales, estimant que les accords entre grands distributeurs et associations caritatives fonctionnent bien. Cela dit, le problème du gaspillage, ici comme ailleurs, est beaucoup plus vaste. Le site Zero Waste Switzerland, par exemple, affirme que dans notre pays, un tiers des denrées comestibles est gaspillé. Pour diverses raisons: fruits et légumes jugés trop grands, trop petits ou difformes; surplus de production; aliments abîmés durant le transport; invendus; restes de repas de restaurants ou de traiteurs; et surtout gaspillage de nourriture chez des particuliers. Ne nous voilons pas la face: dans nos contrées, 45% du gaspillage alimentaire est dû aux ménages, rappelle le WWF Suisse. Les restaurateurs ne sont responsables que de 5% de cet immense gâchis.
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