Cachez ce défaut que je ne saurais voir. L’univers des filtres a récemment été chamboulé par l’apparition de l’effet bold glamour sur TikTok. Bouche pulpeuse, pommettes rehaussées, peau lissée, nez plus fin, maquillage… Ce filtre censé vous embellir transforme votre visage à l’aide de l’intelligence artificielle. Et les critiques fusent.
Ce n’est pas le premier, et malheureusement pas le dernier filtre du genre. Mais le rendu terriblement réaliste de bold glamour affole. Il s’attaque à vos traits naturels pour vous sculpter une nouvelle apparence. Les dérives de cet effet ont été immédiatement dénoncées par de nombreuses femmes sur TikTok. L’impact indéniable sur l’estime de soi est critiqué. Car une fois le masque retiré, il ne nous reste plus que nos défauts pour pleurer.
Impacts réels
La tyrannie de l’apparence n’est pas un phénomène nouveau, mais les réseaux sociaux et les filtres l’exacerbent à son plus haut niveau. Durant mon adolescence, je découvrais les stars et leur physique présenté comme parfait, les magazines et leurs photos retouchées, mais croyez bien que sur mon skyblog de l’époque, j’étais bien forcée d’apparaître telle que j’étais.
Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de connaître Photoshop et de passer par la case de la chirurgie esthétique pour ressembler à une autre version de nous-mêmes. Numérique. Irréelle. Avec les réseaux sociaux, la création et la diffusion de physiques fantasmés et inaccessibles sont toujours plus facilitées. Des diktats qui touchent avant tout les femmes, même si, on le sait, les hommes ne sont pas en reste.
Les conséquences sont bien réelles. Depuis 2019, les 18-34 ans font plus de chirurgie esthétique que les 50-60 ans. Les filtres y sont clairement pour quelque chose. Et plusieurs spécialistes ont dénoncé ces dernières années l’augmentation des troubles de dysmorphophobie – le fait d’avoir des pensées obsessionnelles sur une partie de notre corps qui nous complexe.
Apparence aseptisée
À l’aube de mes 30 ans, je m’interroge sur l’avenir. Est-ce que nous vivrons bientôt uniquement dans le métavers avec des avatars qui auront tous la même apparence aseptisée suivant les fantasmes de beauté du moment? Cette impression existe déjà, tant à la télévision au travers des programmes de téléréalité que sur Instagram ou autre réseau social, là où les influenceurs postent des clichés de leur vie parfaitement maîtrisée.
Si, dès les débuts de Snapchat, j’ai testé différents filtres, cette autre version de moi-même ne m’a jamais convaincue, pour la simple et bonne raison que ce n’était pas moi. Mais il faut se l’avouer, certaines retouches qui apparaissent de manière moins claquantes provoquent indéniablement chez nous le sentiment d’être plus beau. Néfaste. Fuyons la beauté virtuelle et les filtres «glamour et audacieux» pour oser aimer notre beauté naturelle dont la singularité et ses imperfections sont le signe de notre humanité.
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La rédaction – Les filtres de TikTok nous éloignent de notre humanité
Les dérives du nouveau filtre «bold glamour» sont abondamment dénoncées sur les réseaux sociaux. Une version faussement parfaite de soi-même qui gomme toute singularité.