Les hautes écoles jugées trop éloignées de la pratique
Un comité craint que la formation perde en qualité. Luciana Vaccaro, recteur de la HES-SO, leur répond.

Les hautes écoles spécialisées (HES) suisses doivent se rapprocher de la pratique. C'est l'avis d'un comité de représentants de l'économie et de la politique, qui s'est présenté à la presse ce mercredi à Berne. Pour lui, le système ne se différencie pas assez des universités et des écoles polytechniques fédérales.
Une centaine d'ingénieurs et de représentants de l'économie ont signé un «Appel au renforcement de la formation dans les hautes écoles techniques spécialisées». Ils demandent une meilleure collaboration entre HES et des échanges étroits avec les entreprises. Au niveau politique, la conseillère nationale Andrea Gmür-Schönenberger (PDC/LU) et le député cantonal bernois Samuel Krähenbühl (UDC) ont déposé des interventions dans leurs parlements respectifs.
Divergences
Andrea Gmür-Schönenberger demande au Conseil fédéral de préciser dans un rapport les profils des HES et des universités, les titres délivrés et les critères d'admission. La Lucernoise critique notamment le fait que des titulaires d'une maturité gymnasiale puissent étudier dans une HES dans le cadre d'une filière bachelor intégrant la pratique, sans avoir une expérience préalable du monde du travail d'au moins un an. L'élue regrette aussi le fait que les HES engagent de plus en plus d'enseignants n'ayant aucune expérience pratique.
Ce postulat n'a pas encore été traité par le plénum. Le Conseil fédéral recommande de ne pas l'accepter. À ses yeux, il n'y a pas lieu de prendre des mesures supplémentaires. Luciana Vaccaro, rectrice de la HES de Suisse occidentale, abonde: «Le taux d'employabilité de nos étudiants est élevé (ndlr: 93,7% travaillent un an après l'obtention du bachelor). Si nous étions à ce point éloignés du monde du travail, nous n'aurions pas un tel succès.» Elle ajoute qu'après trois ans de formation ses étudiants peuvent directement travailler, ce qui n'est pas le cas d'universitaires fraîchement diplômés.
Si ces critiques ne sont pas nouvelles, Luciana Vaccaro précise qu'elle n'a pas eu de tel retour des milieux politiques romands. «Soit la situation est très différente en Suisse alémanique, soit il s'agit d'une position de principe.»
«Il ne faut pas non plus oublier que faire de la formation et de la recherche appliquée sont aussi un métier»
La possibilité d'entrer dans une HES directement après le gymnase (ou collège à Genève)? «Une dérogation à l'expérience professionnelle préalable est limitée à des cas très précis en Suisse alémanique, pour pallier un manque d'ingénieurs dans certains domaines.» Des profs trop «académiques»? «Cette question est complexe. Dans les universités, le parcours des enseignants est clair, il passe par un doctorat et des post-doctorats. Dans les HES, c'est plus compliqué. Nous travaillons à des programmes de relève spécifiques aux HES, mais il ne faut pas non plus oublier que faire de la formation et de la recherche appliquée sont aussi un métier.»
Selon la rectrice, une tendance à proposer des profils plus académiques dans les HES existait dans les années 2012-2013. «Mais le curseur a été remis au bon endroit.» Plutôt qu'une remise à niveau, elle prône une collaboration avec l'économie. «À la HES-SO, nous avons de tels contacts et des représentants de l'économie figurent dans notre conseil stratégique», conclut-elle.
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