En annonçant sa candidature dans un média peu avant le délai fixé par son parti, Jacqueline de Quattro a réussi un coup de communication. Son parti, le PLR, lui a fait les gros yeux car il avait enjoint les prétendants à rester muets avant ce mardi 22 novembre. Le reproche fait à Jacqueline de Quattro semble pourtant bien petit, tant cette manière de faire est largement répandue en politique.
La direction du PLR dément vigoureusement avoir voulu favoriser Pascal Broulis. Son communiqué dégage cependant un parfum d’animosité à l’égard de son adversaire. En bonne judoka, celle-ci sait comment retourner la réprimande à son avantage.
En s’affranchissant des règles, elle s’élève au-dessus de son parti. Elle suggère ainsi que celui-ci, encore largement masculin, n’a d’yeux que pour son concurrent Pascal Broulis, sorte de dieu vivant de la droite vaudoise.
Or, le PLR, qu’il le veuille ou non, est bel et bien le seul parti de l’échiquier à pouvoir encore désigner une femme pour représenter le Canton de Vaud au Conseil des États. Le contexte est donc favorable à Jacqueline de Quattro, qui peut suggérer que les garçons font encore un peu trop la loi au PLR. Un levier mobilisateur.
«Les «machos» contre de Quattro», voilà un récit qui ressemble à ce qu’elle a déjà vécu il y a seize ans, quand elle est partie à l’assaut de son parti cantonal, pour finalement le conquérir. Contre un candidat broulisien et contre Olivier Français, Jacqueline de Quattro parvenait à gagner l’investiture. Il s’agissait alors de remplacer Jacqueline Maurer, première femme à avoir accédé au gouvernement vaudois dans l’histoire. Le Parti radical avait la question femme sur les épaules.
Aujourd’hui, le PLR a aussi la question femme sur les épaules. Elle est plus légère car deux femmes PLR siègent au gouvernement cantonal. Mais cette question pèse encore: depuis 1999, il y a toujours eu une sénatrice vaudoise. La radicale Christiane Langenberger pendant 8 ans, la socialiste Géraldine Savary pendant 12 ans et la Verte Adèle Thorens pendant 4 ans.
Le PLR peut considérer que la question femme est un piège dont il doit s’extirper et opter pour Pascal Broulis. Il peut aussi la considérer comme un atout et lui préférer Jacqueline de Quattro. Réponse à son congrès du 8 décembre.
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Éditorial – Les «machos» et de Quattro
Jacqueline de Quattro est à nouveau en position de passer pour la femme qui tombe à pic à droite, seize ans après son arrivée en politique.