Électricité en SuisseLes milieux économiques alarment sur une pénurie imminente
Selon economiesuisse, il faut ouvrir le marché de l’électricité et prioriser la sécurité de l’approvisionnement avant la protection du climat.

Une pénurie d’électricité est au cœur des inquiétudes alors que la guerre en Ukraine influe sur les approvisionnements suisses. Afin d’éviter un tel scénario, les milieux économiques appellent à ouvrir le marché de l’électricité et prioriser la sécurité de l’approvisionnement avant la protection du climat.
«Une pénurie d’électricité serait un désastre», a déclaré Christoph Mäder, président d’economiesuisse devant la presse à Berne mercredi. «Elle plongerait les ménages dans la pauvreté énergétique et provoquerait des dommages économiques énormes», a-t-il ajouté.
La faîtière pointe la transition vers une société zéro émission nette d’ici 2050 comme l’une des raisons principales de ce risque. Avec chaque centrale nucléaire qui est mise hors service, le risque de goulets d’étranglement s’accentue, a argumenté Christoph Mäder tout en alertant sur une potentielle pénurie dès 2025.

Ouvrir le marché
Afin d’éviter un tel scénario, economiesuisse ainsi que scienceindustries et Swissmem veulent revoir les modalités d’approvisionnement. D’abord, ils veulent ouvrir complètement le marché.
La Suisse serait ainsi plus compétitive et aurait accès à des technologies innovantes, a estimé Martin Hirzel, président de Swissmem. Et c’est la condition pour un accord sur le marché de l’électricité avec l’Union européenne, a-t-il ajouté.
Jusqu’à présent, l’UE a catégoriquement exclu un tel accord en raison de l’absence de cadre institutionnel, mais la guerre en Ukraine pourrait faire évoluer les positions, selon lui. La Suisse pourrait par exemple contribuer, grâce à son énergie hydraulique, à réduire la dépendance vis-à-vis des importations russes.
Une ouverture plus grande doit aussi également être appliquée aux technologies. Les centrales nucléaires existantes doivent ainsi pouvoir participer aux appels d’offres pour de l’électricité en hiver, a encore précisé Martin Hirzel.
Le climat au second plan
Les trois faîtières souhaitent également revoir les priorités: il faut d’abord se concentrer sur la sécurité de l’approvisionnement en électricité. La protection du climat vient dans un second temps. Cette priorisation doit cependant se faire uniquement lorsqu’il y a conflit d’intérêts, ont précisé les trois groupes.
Dans cette idée, des mesures prises afin de protéger l’environnement doivent être levées. C’est le cas notamment de l’interdiction générale de construire pour exploiter l’énergie hydraulique en aval des glaciers. Ces zones sont importantes si on entend développer ce mode de production en Suisse, a commenté Christoph Mäder.
Les milieux économiques veulent aussi agir sur les volumes d’importation. Ils demandent de fixer un seuil à 10 TWh pour l’hiver, là où le risque de pénurie est le plus grand. Et s’il est dépassé à moyen ou long terme, les capacités de production doivent être développées à temps, a précisé Christoph Mäder.
Réforme de l’énergie en cause
Enfin, les milieux économiques appellent à limiter les coûts en privilégiant des modèles de financement neutres. En filigrane, ils s’opposent à des mesures comprises dans la grande réforme énergétique du Conseil fédéral en cours de discussion au Parlement.
Il s’agit notamment de la prolongation du supplément perçu sur le réseau de 2,3 centimes par kilowattheure et de l’instauration du supplément plafonné à 0,2 centime par kilowattheure facturé aux consommateurs, décidée afin d’assurer la production hivernale.
Il faudrait en outre inciter les entreprises à agir pour l’environnement, a encore commenté Matthias Leuenberger, président de scienceindustries. Celles qui s’engagent à réduire leur consommation devraient par exemple se voir rembourser le supplément réseaux de 2,3 centimes par kilowattheure.
ATS
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