Les oiseaux des champs se portent mal, leur Bible le dit
L'Atlas des oiseaux nicheurs de Suisse vient de paraître. Il répertorie les 231 espèces qui se reproduisent chez nous. Dans le canton de Vaud, plusieurs ont fait leur apparition ces dernières années.

De l'accenteur alpin au verdier d'Europe – de A à V, donc, puisque la Suisse n'abrite pas de zostérops doré –, il y a très exactement 231 espèces d'oiseaux qui se reproduisent en Suisse. Soit treize de plus qu'il y a vingt ans. C'est l'une des conclusions que l'on peut tirer de la troisième édition de l'«Atlas des oiseaux nicheurs de Suisse», paru à la mi-novembre. Ouvrage de référence réalisé grâce au concours averti de nombreux bénévoles (lire encadré), il confirme, sans que cela soit une surprise, que la situation des oiseaux vivant en milieu agricole est toujours aussi mauvaise. Si ce n'est pire encore. «Leurs effectifs ont commencé à diminuer dès l'intensification de l'agriculture, parfois donc avant les années 1950. Et elle se poursuit», soupire Sylvain Antoniazza, coordinateur romand de cet atlas édité par la Station ornithologique de Sempach (LU).
Symbole de ce déclin qui inquiète, l'alouette des champs est en chute libre. Ses effectifs, déjà bas lors de la réalisation de l'«Atlas 1993-1996», ont encore diminué de moitié. «C'est une espèce qui pourrait vite se retrouver menacée de disparition. On ne la trouve du reste presque plus du tout dans la campagne du nord-est du pays», reprend le spécialiste. Dès lors, le périmètre vaudois compris entre le lac de Neuchâtel et le Léman fait presque figure de dernier bastion pour ce passereau jadis courant. Pour autant, les populations totales d'oiseaux ne perdent pas des plumes en Suisse. D'une part parce que certaines espèces pas trop exigeantes comme les corvidés – corneilles et corbeaux – ont vu leurs effectifs s'accroître fortement; d'autre part parce qu'en zones forestières l'état des lieux est aussi bon, si ce n'est meilleur qu'il y a deux décennies. «La plupart des espèces communes du pays y vivent. Et, comme la qualité des forêts s'est améliorée et que sa quantité globale a augmenté, il y a une sorte d'équilibre qui s'est fait», souligne l'ornithologue d'Yvonand.
Les rapaces se portent bien
La forêt est notamment l'un des milieux prisés du pinson des arbres. Avec son million de couples (!), c'est tout simplement l'oiseau le plus représenté chez nous. À titre de comparaison, le moineau domestique – essentiellement urbain – n'en compte que 500 000. Et la buse variable, rapace le plus fréquent, culmine à 18 000 couples… De manière globale, la tendance est plutôt à la hausse pour les rapaces et à la baisse pour les passereaux, particulièrement les insectivores, qui peinent de plus en plus à trouver leur subsistance. C'est encore plus vrai pour ceux qui migrent au-delà du Sahara, comme la fauvette des jardins ou le pouillot fitis. «Plusieurs facteurs peuvent expliquer la bonne forme des rapaces, diurnes comme nocturnes», souligne le coordinateur romand de l'atlas. Ainsi, les persécutions directes dont ils étaient victimes par le passé – empoisonnements, tirs – ont fortement diminué, voire disparu. Et l'abandon du recours au DDT dans les cultures leur a aussi été favorable, puisque leurs proies ne peuvent en principe plus être contaminées. L'autour des palombes et l'épervier d'Europe en profitent. Mais plus encore le faucon pèlerin, l'oiseau le plus rapide au monde, dont le vol en piqué peut atteindre les 300 km/h. «Il n'en restait que quelques-uns dans les années 1970. Et aujourd'hui on en recense environ 300 couples. L'espèce est ainsi presque arrivée à saturation du territoire à disposition», reprend Sylvain Antoniazza.
En vingt ans, certaines espèces sont apparues, alors que d'autres ont tiré leur révérence. Ainsi, le bruant ortolan a disparu de la circulation pendant la collecte d'info destinée à l'atlas. «Il en restait encore cinq couples en Valais central en 2013, mais plus aucun l'année dernière.» Il en va de même de la pie-grièche à tête rousse qu'on trouvait encore en région bâloise. Parmi les nouvelles plus réjouissantes, plusieurs oiseaux figurent désormais dans les pages de l'ouvrage. C'est notamment le cas de la grande aigrette. La première nidification de ce héron blanc a été constatée en 2013 dans la Grande Cariçaie. «C'était beaucoup moins attendu au vu de la limite de sa zone de répartition, située à l'est de l'Allemagne. Et le pouillot verdâtre a niché pour la première fois en 2015 du côté de l'Hongrin.»
Le guêpier prend des couleurs
Et puis l'atlas met également le doigt sur des espèces dont les effectifs ont progressé de manière sensible ces dernières années. Les ornithologues pensent notamment à la huppe fasciée (elle fait du reste la couverture du livre) et à la chouette chevêche pour lesquelles des mesures de conservation ont été prises par différentes associations de protection. À l'échelle vaudoise, on se réjouit aussi de constater l'expansion du hibou grand duc et du très coloré guêpier d'Europe. Apparu dans la première moitié des années 1990, il a franchi la barre des 120 couples, dont 90% ont élu domicile en Suisse romande. Une vingtaine d'entre eux se trouvent d'ailleurs dans le canton.
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